"Une grande liberté": Bayrou continue de creuser son sillon après son refus d'entrer au gouvernement
Si François Bayrou s’est opposé à la nomination de Gabriel Attal, avant de refuser d’entrer dans son gouvernement, le président du Modem partage au moins deux points communs avec le Premier ministre: lui aussi a un chien, et lui aussi n’hésite pas à se mettre en scène à ses côtés. Pour le locataire de Matignon, il s’agissait surtout de clore une séquence délicate, après avoir montré une photo de sa chienne à des ministres au moment même où le socialiste Boris Vallaud l’interpellait à l’Assemblée nationale, le 5 février, sur les morts au travail.
Pour François Bayrou, cela prend davantage des allures de carte postale envoyée depuis son fief des Pyrénées-Atlantiques. Le Haut-commissaire au Plan pose dans Paris Match ce jeudi 15 février. Avec son chien donc (un eurasier de 6 ans nommé Nord, NDLR), et surtout dans un cadre parfait pour rappeler son attachement aux territoires, lui qui avait dénoncé un gouvernement ne comprenant "aucun ministre du sud de la Loire", mais comptant sur "quatorze, onze ministres parisiens ou franciliens".
Le maire de Pau est photographié assis sur des rondins de bois dans une tenue adaptée au décor à Bordères, où il est né. Sur un autre cliché, il apparaît depuis son bureau à la mairie, "dans ce Béarn qu'il appelle la province la plus lointaine de France", souligne Paris Match.
"C'est une grande liberté de pouvoir dire non"
L'opération est idéale pour continuer de creuser son sillon. Et François Bayrou ne s'en prive pas: il alerte à nouveau face à une "forme de sécession d’une partie du peuple contre ceux qui exercent les fonctions du pouvoir". "Je vois tous les jours la dégradation du sentiment d’appartenance à la nation, à son organisation, à sa démocratie."
Tant de gens se disent qu’"au fond il n’y a rien à faire"", décrit-il. Une "même question" qui, selon lui, "traverse les récentes crises, celles des paysans, des enseignants, des gilets jaunes, des banlieues et tant d’autres". Avec cette "idée que personne ne nous écoute".
Si son refus, avec fracas, d'entrer au gouvernement lui a valu des critiques au sein même de son parti, François Bayrou assume et met en exergue son autonomie: "C’est une grande liberté de pouvoir dire non, et j’ai exercé cette liberté, même si ce n’est pas très confortable", dit-il. Sans pour autant acter une rupture définitive, après avoir assuré la semaine dernière que le Modem restait un "membre à part entière" de la majorité.
"Je ne lâche jamais"
Délesté de l’affaire des assistants parlementaires ayant touché son parti - même s’il ne pourrait s’agir que d’un sursis, comme le parquet de Paris a fait appel après sa relaxe - François Bayrou regarde vers l’avant. Ou plutôt vers 2027, année d’élection présidentielle.
Déjà trois fois candidat par le passé, il n'écarte pas un quatrième tour de piste, en 2027, confirmant ses déclarations la semaine dernière sur France Info. "Si vous êtes habité par une conviction, alors vous ne devez pas mesurer votre engagement", explique l'édile.
La course a déjà commencé. Chacun place ses pions. Un autre allié d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe, est sorti du bois ces derniers jours, assurant qu'il se "prépar[ait]" pour l'élection reine. "Que chacun déploie ses antennes et s’avance devant le pays!", enjoint François Bayrou. Lui, n'a pas prévu de s'arrêter en si bon chemin. "Comment vous définissez-vous?", lui demande Paris-Match. Réponse: "Je ne lâche jamais".