Toux, traitement, vaccination... Quels sont les symptômes de la coqueluche et comment réagir?
Avec près de 6.000 cas recensés depuis le début de l'année, la coqueluche connaît un très fort rebond en France, selon les chiffres communiqués ce mardi 4 juin par l'Institut Pasteur. Sur toute l'année 2023, 495 cas avaient été recensés, contre 67 en 2022 et 34 en 2021.
"On connaît cette maladie, son épidémiologie, elle arrive de façon cyclique tous les trois à cinq ans, le dernier cycle étant arrivé en 2017-2019 on s'attendait à ce que ce pic arrive, mais on ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi important" explique Julie Toubiana, directrice adjointe du Centre national de référence de la coqueluche à l'Institut Pasteur, à BFMTV.
Face à ce rebond de la maladie, BFMTV.com fait le point sur les symptômes de la maladie et sur les bons gestes à adopter en cas de contamination.
• Quintes de toux, respiration difficile et chant du coq
La coqueluche est une infection respiratoire causée par la bactérie Bordetella pertussis. Après la contamination, la période d'incubation, c'est-à-dire le délai avant l'apparition des premiers symptômes, est "d'environ dix jours", mais elle peut s'étendre de sept jours à trois semaines, selon l'Assurance maladie.
Cette période d'incubation est suivie par l'apparition des premiers symptômes: un écoulement nasal, qui peut être associé à une légère fièvre. Une à deux semaines après, une toux modérée apparaît avant de se transformer en quintes de toux.
L'Assurance maladie parle d'une toux caractérisée par des accès "soudains, violents, répétés" qui peuvent aussi provoquer des "spasmes" et rendre difficile la respiration. À ces quintes peuvent aussi s'ajouter un visage "bouffi, rouge ou bleuté", un "éclatement de petits vaisseaux autour des yeux", et des vomissements.
Après une quinte de toux, le malade reprend sa respiration par une grande et longue inspiration qui est accompagnée par un son aigu, appelé "chant du coq", d'où le nom de la maladie coqueluche, suivie par "un crachat clair et épais".
"C'est une toux que je n'avais jamais entendue auparavant", témoigne à notre antenne Elodie Jelena, rédactrice et autrice, contaminée par la maladie. "Ma grande (fille) crachait des glaires et vomissait, sa petite sœur a suivi, il y avait un espèce de sifflement surtout la nuit".
En effet, ces quintes de toux sont plus fréquentes la nuit. Par ailleurs, elles ne sont pas accompagnées de fièvre et aucun symptôme n'apparait entre chacune. On note aussi parfois des contractions utérines chez les femmes enceintes atteintes par la maladie.
Sans traitement, cette toux peut s'aggraver et durer entre quatre et six semaines avant de régresser. L'Assurance maladie précise par ailleurs que chez certains adultes, la toux n'est pas accompagnée des signes décrits précédemment et estime qu'il faut donc envisager la coqueluche dès qu'une toux dure plus d'une semaine et tend à s'aggraver.
• Une maladie transmise par voie aérienne qui peut s'avérer grave
Décrite comme "très contagieuse", cette maladie se transmet par voie aérienne, via les gouttelettes provenant du nez et de la bouche d'une personne malade.
"On estime qu'une personne malade peut contaminer en moyenne 15 à 17 personnes", prévient l'Assurance maladie.
C'est pendant la première semaine de toux que la contagiosité d'un malade est la plus importante.
La coqueluche peut être grave chez les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées, ou encore chez les nourrissons, qui peuvent présenter une coqueluche maligne avec détresse respiratoire et détérioration d'un ou plusieurs organes.
• La vaccination obligatoire chez les nourrissons
Pour limiter la transmission de cette maladie, la vaccination est obligatoire en France depuis 2018 pour les nourrissons avec une première injection à l'âge de deux mois, puis quatre mois. Plusieurs rappels sont ensuite prévus à 11 mois, 6 ans, 11 ans et 25 ans.
Ce vaccin est aussi recommandé aux femmes enceintes et aux professionnels soignant et ceux exerçant auprès d'enfants.
L'Assurance maladie précise par ailleurs qu'il est possible d'attraper la coqueluche plusieurs fois dans sa vie. La contracter donne une protection immunitaire, mais cette dernière s'affaiblit avec le temps. C'est pourquoi il est recommandé de se faire vacciner, et de faire des rappels.
• Consulter un médecin en cas de symptômes
Si vous avez été en contact avec une personne malade mais que votre vaccination est à jour et que vous n'avez pas de symptômes, vous pouvez continuer à aller à votre travail ou votre établissement scolaire.
En revanche, en cas d'apparition des symptômes chez vous ou votre enfant ou si votre vaccination n'est pas à jour, il est conseillé de consulter au plus vite un médecin. Il est même recommandé d'aller aux urgences si un nourrisson de moins de trois mois tousse, a le bout des doigts et le tour de la bouche bleutés pendant les quintes de toux ou encore si sa respiration est difficile.
• Un traitement antibiotique pour le malade et son entourage
Une fois que le diagnostic de la coqueluche est tombé, des antibiotiques sont prescrits le plus tôt possible au patient. Et le temps que ceux-ci fassent effet, il lui est demandé de s'isoler pendant trois à cinq jours et d'éviter tout contact avec des nourrissons et personnes insuffisamment vaccinées.
Ce traitement est aussi prescrit aux membres de la famille du malade directement en contact avec lui, notamment ceux dont la vaccination n'est pas à jour, les nourrissons non vaccinés et leurs parents, ainsi que les femmes enceintes.
Pendant la période de traitement, il est conseillé de prévenir son employeur et l'établissement scolaire de son enfant pour que des mesures de prévention puissent être mises en place.
• Humidifier l'air et boire régulièrement
En plus des antibiotiques, pour favoriser l'évacuation du mucus, il est recommandé d'humidifier l'air de son logement et d'y limiter la température à 19 ou 20°C. Arrêter de fumer et d'exposer son enfant au tabagisme est aussi un moyen d'éviter d'accentuer la toux. En cas de vomissement, il est recommandé de boire et de manger régulièrement en petite quantité pour éviter la déshydratation et la dénutrition.
"Avant et après avoir nourri votre enfant, maintenez-le en position verticale: cela réduit les régurgitations et les vomissements. Cette position l’aidera aussi à mieux respirer", ajoute le site d'Ameli.
À l'inverse, les médicaments antitussifs et fluidifiants bronchiques sont à éviter, ils sont "inefficaces et peuvent être dangereux".