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Strasbourg: de nouveaux "pavés de la mémoire" installés, une première pour deux frères "Malgré-Nous"

La cathédrale de Strasbourg - Image d'illustration

La cathédrale de Strasbourg - Image d'illustration - PATRICK HERTZOG / AFP

Plus de 100.000 "Stolpersteine", petits blocs de pierre dédiés aux victimes du nazisme, juives ou non juives, ont été installées en Europe ces 80 dernières années. Pour la première fois, deux frères "Malgré-Nous" ont reçu cet hommage à Strasbourg.

Des "pavés de la mémoire" ont été dévoilés ce vendredi 7 juin à Strasbourg en hommage à deux frères alsaciens incorporés de force dans l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale, l'un fusillé par les nazis pour résistance, l'autre mort sur le front de l'Est sous l'uniforme allemand.

Les pavés, des "Stolpersteine" en allemand ("pierres de trébuchement") ont été insérés dans un trottoir du quartier de la Robertsau, devant le dernier domicile strasbourgeois de Jacques et René Knecht, où se trouve désormais un foyer pour personnes en situation de handicap.

130.000 "Malgré-Nous"

Deux petits-enfants de la soeur des deux "Malgré-Nous", Jacqueline Knecht-Mosser, 83 ans et présente à la cérémonie, ont balayé la poussière recouvrant les plaques en laiton sur lesquelles sont gravés les noms des frères, incorporés de force dans l'armée allemande, alors que l'Alsace et la Moselle étaient annexées de fait après la défaite française en juin 1940.

Plus de 130.000 hommes, les "Malgré-Nous", ont été versés à partir de 1942 dans la Wehrmarcht, un drame qui reste douloureux dans la région, 80 ans après la fin de la guerre.

Jacques, né en 1924, avait ensuite déserté pour intégrer la Résistance dans les Francs-tireurs et partisans (FTP) puis se battre dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI), avant d'être blessé et capturé par les Allemands. Condamné à mort, Jacques fut fusillé le 21 février 1945. Il avait 20 ans.

Reconnu Mort pour la France, il a reçu la Médaille militaire, la Croix de guerre avec Palmes et la Médaille de la Résistance française.

Né en 1925, René, est lui mort en Hongrie à 18 ans lors d'une offensive soviétique, le 8 octobre 1944.

"La douloureuse mémoire déchirée de l'Alsace-Moselle"

La "mémoire qui est interpellée cet après-midi, c'est la douloureuse mémoire déchirée de l'Alsace-Moselle durant la Seconde guerre mondiale", a déclaré Richard Aboaf, président de l'association Stolpersteine 67, qui a posé depuis 2019 plus de 200 Stolpersteine dans tout le Bas-Rhin.

Selon lui, c'est en revanche "la première fois" que des Stolpersteine sont posées pour des Malgré-Nous. Lorsque le projet de ces deux pavés a été soumis à Gunter Demnig, le sculpteur allemand qui a initié en 1997 le projet "Stolpersteine", ce dernier "n'a pas voulu dissocier les frères" qui "entraient tout à fait dans le projet mémoriel", a déclaré Richard Aboaf.

Petits blocs de dix centimètres, ils sont en effet dédiés aux victimes du nazisme, juives ou non juives. Chacune porte une plaque de laiton comportant le nom d'une personne, sa date de naissance, celle de sa déportation ou de son exil et, si elle est connue, la date de son décès. Plus de 100.000 "Stolpersteine" ont été installées en Europe.

A. La. avec AFP