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Soutien à l'Ukraine, renforcement de l'UE... Macron et Scholz vont aborder les sujets qui fâchent

Le président de la République Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin le 15 mars 2024

Le président de la République Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin le 15 mars 2024 - TOBIAS SCHWARZ / AFP

À l'occasion du troisième et dernier jour de sa visite d'État en Allemagne, le président français va rencontrer le chancelier allemand avec lequel les désaccords sont nombreux.

Après les européennes et l'extrême droite, les sujets qui fâchent: Emmanuel Macron retrouve le chancelier Olaf Scholz ce mardi 28 mai, au dernier jour de sa visite d'État en Allemagne, pour discuter du soutien à l'Ukraine et du renforcement de l'Europe, au-delà des désaccords.

"Un vent mauvais souffle en Europe", "réveillez-vous !", a lancé le président français lundi soir devant plusieurs milliers de jeunes à Dresde (est), à moins de deux semaines des européennes, en pointant du doigt la montée de l'extrême droite et l'offensive russe en Ukraine.

Il se verra d'abord remettre mardi matin le prix international de la paix de Westphalie, à Münster (ouest), au titre de son engagement européen. Ce prix devait lui être remis en juillet 2023 mais la visite d'État alors programmée a été reportée à mai 2024 en raison d'émeutes urbaines en France.

Le chef de l'État prononcera à cette occasion un discours en présence de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

"La paix n'est pas la capitulation de l'Ukraine"

Le prix lui avait été initialement décerné pour son dialogue avec le président russe Vladimir Poutine afin de tenter d'empêcher puis stopper l'offensive russe en Ukraine en 2022. Mais Emmanuel Macron a depuis rompu tout contact avec le maître du Kremlin alors que l'opération militaire se poursuit et que les forces russes progressent sur le terrain.

"La paix n'est pas la capitulation de l'Ukraine. La paix est celle que les Ukrainiens auront choisie", a-t-il martelé en Allemagne, en direction notamment de la Russie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite à Madrid, a appelé de son côté l'Occident à "user de tous les moyens" pour contraindre la Russie à la paix.

La visite d'État, ponctuée d'hommages et de signes d'unité et d'amitié, s'achève à Münster. Elle sera suivie d'un conseil des ministres franco-allemand en fin d'après-midi à Meseberg, près de Berlin, aux côtés cette fois du chancelier Olaf Scholz.

Lundi, Kiev a de nouveau réclamé des systèmes de défense anti-aérienne pour pouvoir intercepter les milliers de bombes guidées lancées chaque mois par la Russie sur son pays.

Crainte d'une escalade

L'Allemagne, qui a annoncé en avril l'envoi d'un système Patriot supplémentaire, presse ses alliés européens de suivre son exemple. En difficulté sur les fronts est et nord-est, l'Ukraine réclame aussi depuis des mois de pouvoir frapper les positions et les bases arrières russes en territoire russe avec des armements occidentaux.

Mais Américains et Européens ont refusé jusqu'ici par crainte d'une escalade, conférant un avantage certain aux forces du Kremlin. Contrairement à Washington, Paris et Londres, Olaf Scholz refuse même de livrer à Kiev des missiles de longue portée (jusqu'à 500 kilomètres) Taurus.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a toutefois estimé qu'il était "temps de reconsidérer" ces restrictions envers l'Ukraine qui lui lient "les mains dans le dos".

A Kiev, après avoir dans un premier temps annoncé l'arrivée prochaine en Ukraine d'instructeurs militaires français, les autorités militaires ont précisé lundi que la question était à l'étude, mais pas encore tranchée.

Des dissensions importantes entre Scholz et Macron

Emmanuel Macron a suscité le désaccord de certains partenaires européens, dont l'Allemagne, en n'excluant pas l'envoi de militaires français sur le sol ukrainien.

S'il se dit disposé à étudier la pertinence du "bouclier antimissiles" prôné par le chancelier en Europe, il doute aussi que cela "protège totalement" face à la Russie et plaide pour une réflexion stratégique qui intègre aussi la "dissuasion nucléaire".

Concernant l'avenir de l'UE, le chancelier a souscrit avant même la rencontre au diagnostic du président français, qui juge que "l'Europe est mortelle".

Signe d'une volonté d'avancer, tous deux ont signé une tribune dans le quotidien Financial Times appelant à repenser la stratégique économique du continent pour assurer son avenir.

L'arbre qui cache la forêt? Les dissensions restent grandes sur un endettement commun des Européens, prôné par Paris, pour booster la transition verte et numérique ou sur la place de l'énergie nucléaire en Europe.

B.F avec AFP