Soupçons de "favoritisme": une perquisition menée jeudi à la région Grand Est
Le conseil régional du Grand Est a été perquisitionné ce jeudi 6 juin dans le cadre d'une plainte déposée après des articles de presse pointant l'activité de conseil de son ex-président Jean Rottner lorsqu'il était en poste, a appris l'AFP ce vendredi 7 juin auprès du parquet de Nancy.
"Une perquisition s'est déroulée (jeudi) dans des locaux du conseil régional à Metz, dans le cadre d'une enquête préliminaire conduite sous l'autorité du parquet de la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée) de Nancy", a indiqué à l'AFP le procureur de la République François Capin-Dulhoste, confirmant des informations de France Bleu Lorraine Nord.
Plainte datant de janvier 2023
La plainte avait été adressée en janvier 2023 par l'association "AC!! Anti-Corruption", basée en Meurthe-et-Moselle, au Parquet national financier qui s'est finalement "dessaisi" au profit de la Jirs, a ajouté le magistrat, sans autres précisions.
Déposée contre X et contre "toute personne ayant commis ou concouru à la réalisation des infractions en qualité d'auteur, ou co-auteur ou complice", la plainte d'AC!! ne visait pas explicitement Jean Rottner, démissionnaire à la surprise générale de la présidence de la région Grand Est fin 2022.
L'ancien maire de Mulhouse (Haut-Rhin) avait alors indiqué qu'il abandonnait ses mandats pour des motifs "familiaux", avant d'annoncer quelques jours après rejoindre le cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités, une annonce qui avait suscité une pluie de critiques chez les élus régionaux.
Jean Rottner avait obtenu un avis "compatible avec réserve" de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour rejoindre Réalités, qui a annoncé le 18 mars dans un communiqué la nomination de Jean Rottner en tant que "Directeur exécutif Groupe, aux côtés de son PDG Yoann Choin-Joubert".
Mais la plainte d'AC!! faisait suite à des articles affirmant que l'ancien élu LR occupait d'octobre 2019 à mars 2022 un poste de consultant au sein d'une société, Adhoc, fondée par Hugues Anselin, ancien proche de Nicolas Sarkozy.
Selon Les Dernières Nouvelles d'Alsace et Rue89 Strasbourg, auquel Jean Rottner avait confirmé sa collaboration avec Adhoc, cette activité lui aurait rapporté 150.000 euros. Dans le même temps, une autre société de chasseurs de tête, coprésidée par M. Anselin, avait travaillé pour la région présidée par Jean Rottner, indiquaient les deux médias.
Selon les DNA, ce cabinet, qui travaillait déjà pour le Conseil régional avant l'arrivée de Jean Rottner à sa tête, aurait notamment remporté un marché de recrutement de cadres pour le compte de la région.