Sniffy: les fabricants affirment que la poudre n'est plus à inhaler mais à absorber par la bouche
Sniffy change drastiquement sa communication. Ces derniers jours, la polémique a enflé autour de cette poudre à inhaler censée "booster" l'énergie de ses consommateurs et dont le mode de consommation par le nez rappelle la cocaïne. "Une poudre blanche qu'on inhale par le nez? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c'est totalement conforme à la loi", assurait le fabricant français Sniffy sur son site la semaine dernière.
Mais face à la controverse suscitée par ce produit, Sniffy a décidé de modifier drastiquement ses recommandations quant à la consommation de sa substance. Sur son site internet, l'entreprise indique désormais que la poudre doit être absorbée "par voie orale".
Cette modification intervient alors que le gouvernement français a déposé lundi un arrêté auprès de l'Union européenne dans lequel il demande la suspension "pour un délai d'un an" de la mise sur le marché des poudres à inhaler. Le texte de l'exécutif dénonce des "modalités de consommation et de commercialisation" qui "sont de nature à banaliser l'utilisation de ce produit stupéfiant".
"La voie d'administration intranasale de ces poudres présente un risque avéré, en cas de recours répété, de fragilisation des voies nasales avec des effets délétères associés tels que saignements, congestion, infections des sinus, pouvant aller jusqu’à une rupture du septum, et que les substances actives contenues dans ces poudres sont susceptibles de produire des effets nocifs sur l’épithélium nasal et son environnement."
Une pétition recueille plus de 22.000 signatures
Ce dépôt d'arrêté auprès de l'UE intervient quelques jours seulement après une prise de position très claire du ministre de la Santé Frédéric Valletoux qui avait promis dès le 25 mai l'interdiction de ce poudre présentée comme énergisante. "J'ai découvert cette dernière 'invention', et je mets des gros guillemets, bien sûr, cette cochonnerie que certains veulent vendre, avait-il déclaré au micro de Franceinfo. Je vais voir effectivement dans les prochains jours comment on peut interdire ce type de choses." La veille, une pétition avait été lancée pour demander à l'exécutif d'interdire Sniffy, qualifiée d'"apologie de la drogue": elle recueille à ce jour plus de 22.000 signatures.
Ce produit mis au point par des Marseillais se décline en plusieurs saveurs et est vendu sur internet et chez certains buralistes. Il agirait pendant 20 à 30 minutes. La boîte est vendue sur le site internet de la marque au prix de 14,90 euros l'unité. La poudre est accompagnée d'une pipette. Elle est interdite aux mineurs. Selon la marque, le produit contient de la l-arginine, un acide aminé, de la caféine, de la créatinine, de la l-citrulline, de la taurine ou encore de la maltodextrine.
"Quelques dizaines" de buralistes commercialisent ce produit
La publicité autour de ce produit a provoqué l'indignation et les condamnations de représentants de plusieurs professions, syndicats policiers ou buralistes et spécialistes des addictions. "Les produits qui composent le Sniffy ne sont pas des substances interdites, mais ma position est très claire et non ambiguë. Nous sommes contre ce produit", a déclaré Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes. Celui-ci évalue à "quelques dizaines au plus", le nombre de buralistes commercialisant ce produit. "Essentiellement ce produit est mis en vente sur internet", a-t-il ajouté.
"Au vu des réactions nombreuses que j'ai eues ces dernières semaines je doute fort que beaucoup de collègues aient succombé à cette tentation."
"C'est rageant de voir ce genre de produit proposé à la jeunesse. C'est rageant de voir que finalement ceux qui, sous couvert de produits et d'un discours un peu 'gnangnan', un peu inoffensif, un peu 'on a le droit, ce n'est pas dangereux, c'est original', etc., essaient d'attirer les jeunes vers le tabac, la consommation de drogue et finalement vers la dépendance", avait déclaré Frédéric Valletoux.
"C'est la course en permanence entre presque les vendeurs de mort, même s'ils m'en voudront peut-être de l'expression, parce qu'elle est un peu radicale" et "l'appareil répressif qui est la loi qui doit toujours courir après ceux qui ont des drôles d'idées pour nos jeunes", avait relevé le ministre de la Santé.