"Salut les Ch'tis!": le communiste Deffontaines lance officiellement sa campagne européenne à Amiens
"Votez Léon, c'est notre espoir, notre fierté, on relance l'industrie, on crée des emplois": c'est avec un morceau de rap à la gloire de leur jeune tête de liste aux européennes que les communistes ont lancé jeudi soir leur premier meeting, pour tenter de faire décoller la campagne de Léon Deffontaines.
Devant près de 1.000 personnes criant "Léon à Bruxelles!" dans une salle de sa ville natale d'Amiens, Léon Deffontaines, qui stagne à environ 3% dans les sondages d'intentions de vote, s'est montré rassurant: "le 9 juin prochain, nous ferons notre grand retour au Parlement européen!".
Lors du précédent scrutin de 2019, les communistes avaient recueillis 2,49% des suffrages, ce qui les avait privés de tout représentant dans l'hémicycle de Strasbourg.
"Chaque délocalisation est un coup de poignard"
Depuis la Somme, un des départements ayant le plus massivement rejeté le traité constitutionnel européen de 2005, la tête de liste de 28 ans qui ne manque jamais de rappeler ses origines picardes s'est présenté comme le défenseur des victimes de "cette mondialisation nuisible au bonheur des peuples".
"Chaque délocalisation est un coup de poignard", a-t-il dénoncé, en citant en exemple les fermetures d'usine de Goodyear, Whirlpool et Continental qui ont marqué la région.
"Cet environnement m'a façonné", a expliqué l'ancien responsable des jeunesses communistes, qui a longuement ciblé les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement et les accords de libre-échange.
Se disant "souverainiste" et défenseur du nucléaire, Léon Deffontaines s'en est également pris à Jordan Bardella, "le Bouteflika de la politique française". "Il est candidat mais on ne le voit nulle part", a-t-il dénoncé, appelant le président du Rassemblement national à participer aux débats des têtes de listes.
"Leçons de morale culpabilisantes"
Issu d'une famille d'agriculteurs plutôt marquée à droite, Léon Deffontaines a la particularité de n'avoir aucune attache familiale avec son parti, chose rare parmi les responsables communistes.
Et, pour pallier son inexpérience, il peut compter dans cette campagne sur la figure tutélaire de Fabien Roussel, toujours fort de sa bonne cote de popularité. "Salut les Ch'tis!", a lancé à la foule le député du Nord, toujours prompt à mettre en avant les Hauts-de-France.
Le patron du Parti communiste français n'a pas manqué de complimenter son poulain, se disant "fier de son entrée en campagne, de ses débats et de ses passages dans les médias".
"Qu'est-ce qu'il est bon, notre Léon!", a-t-il résumé.
Se présentant comme défenseur d'une "République sociale et laïque", l'ancien candidat à la présidentielle, représentant autoproclamé des terroirs, s'en est pris "aux leçons de morale culpabilisantes de ceux qui vivent à Paris".
"La colère n'a jamais été un projet de société", a-t-il assené, rappelant l'importance de "l'espoir" dans ce département comptant deux députés RN. "Nous n'avons jamais cédé au populisme, au complotisme et au communautarisme de toute sorte", a-t-il encore fait valoir - une pique implicite à La France insoumise.
"Coup de fraîcheur"
Avant le début du meeting, les militants ne semblaient pas s'inquiéter du manque de notoriété de leur candidat.
"Un coup de jeunesse, un coup de fraîcheur, ça fait toujours du bien!", expliquait Robert Lefèvre, militant de 56 ans venu avec sa femme de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord.
"La campagne est loin d'être finie. Il faut qu'il se fasse connaître des médias, Fabien Roussel est là pour l'épauler. Il ne peut que progresser", a ajouté ce militant encarté depuis plus de 20 ans.
"Il n'a pas le capital médiatique d'autres candidats mais ça ne me dérange pas. Il est soutenu par des militantes et des militants sur le terrain qui lui font remonter des choses", indiquait pour sa part Eloïse, une Parisienne de 33 ans qui ne souhaite pas donner son patronyme.
Tous auront pardonné à leur candidat les quelques fois où il a pu bafouiller pendant son discours. "L'émotion", a-t-il plaidé. "À nous de transformer la sympathie qu'il procure en votes", a résumé sur scène, Léna Raud, représentante de l'Union des étudiants communistes.