Le Conseil d'orientation sur les retraites (COR) publiera jeudi son rapport annuel, revu dans la forme et avec des prévisions légèrement dégradées du fait de l'abaissement récent des prévisions économiques du gouvernement, selon une copie du rapport. Le Conseil d'orientation chargé de fournir un diagnostic partagé sur la santé du système de retraite prévoit désormais un déficit à -0,4% du PIB pour le système de retraite en 2030.
L'an dernier, dans ses premières prévisions après la controversée réforme des retraites, le COR était plus optimiste, à -0,2% du PIB à l'horizon 2030. Les prévisions sont "un peu plus dégradées" que l'an dernier du fait notamment de la dégradation récente des prévisions macro-économiques du gouvernement, selon le rapport. La revalorisation des retraites complémentaires Agirc-Arrco en novembre 2023, un peu plus forte que prévue, contribue aussi à cette dégradation, note le document.
Les dépenses de retraites, le principal indicateur financier retenu dans les comparaisons internationales, s'alourdissent également légèrement, à 13,7% du PIB en 2030 (13,5% dans le rapport de l'an dernier), et 13,2% du PIB en 2070 (13% dans le rapport de l'an dernier). Le déficit 2024 est de son côté estimé à -0,2% du PIB, après un excédent de +0,1% du PIB l'an dernier.
Des hypothèses de croissance de la productivité du travail moins optimistes
L'édition 2024 du rapport du COR est la première sous la houlette de Gilbert Cette, nouveau président qui a pris la succession de Pierre-Louis Bras, écarté par le gouvernement après près de neuf ans à la tête de l'institution. Les syndicats, qui participent aux travaux du COR avec des parlementaires et des experts, avaient vu dans ce départ un signe d'une reprise en main par le gouvernement, après des tensions apparues pendant la réforme des retraites. Le gouvernement avait reproché au COR d'avoir relativisé l'ampleur des déficits à venir puis, après la réforme, d'avoir exagéré les futurs déficits.
Sous l'impulsion de Gilbert Cette, la nouvelle version du rapport utilise désormais des hypothèses de croissance de la productivité du travail un peu moins optimistes que les précédentes (4 hypothèses entre +0,4% à +1,3%, contre 4 hypothèses de +0,7% à +1,6% auparavant). Le COR choisit également clairement un scénario de référence - +1% - et n'envisage les autres hypothèses que dans le cadre "d'études de sensibilité" moins détaillées.
Le COR qui regroupe 41 membres - parlementaires, représentants du patronat, des syndicats, de grandes administrations et experts - est rattaché à Matignon mais travaille de façon indépendante.