Réchauffement climatique: des espèces terrestres et marines pourraient mieux s'adapter
54% contre 39%. C'est la part des des espèces animales et végétales (marines et terrestres) qui devraient disparaître d'ici à l'horizon 2041-2060. La statistique est tirée d'une enquête publiée ce mercredi 29 mai par la revue Nature Ecology and Evolution relayée par l'Agence France-Presse (AFP).
Les chercheurs de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) et de l'Université de Lausanne (Suisse) ont étudié la proportion d'espèces vivant dans des conditions proches des limites climatiques actuellement admises sur Terre, c'est-à-dire -70°C en Antarctique et +48°C à l'équateur.
Certaines espèces pourraient être déjà naturellement capables de s'adapter à des conditions climatiques actuellement inconnues sur Terre, un phénomène qui limiterait la perte de biodiversité massive engendrée par le réchauffement climatique, selon l'étude. Ces limites climatiques n'ont pas toujours été les mêmes. "Il y a 130.000 ans, la Terre était plus chaude, de 3 à 4 degrés", souligne Mathieu Chevalier, chercheur en écologie marine à l'Ifremer.
Certaines espèces préadaptées
"Ce que nous disent les études paléo-écologiques, c'est que plein d'espèces sont probablement capables de survivre à des températures plus élevées que celles qui existent actuellement. Potentiellement, on a des espèces préadaptées à des températures plus chaudes", développe le chercheur. Selon lui, les limites actuelles ne seraient "pas de vraies limites écologiques" pour certaines espèces.
En analysant les niches écologiques de 25.000 espèces terrestres et marines (animales et végétales), les chercheurs ont constaté que 49% de ces espèces vivaient dans des niches proches des limites climatiques actuelles. Or parmi ces espèces, beaucoup ont une niche écologique susceptible de bénéficier du réchauffement climatique, à condition qu'elles soient bien préadaptées à des températures plus chaudes.
Des espèces tropicales épargnées... en partie
"Lorsqu'une espèce est marquée par des conditions climatiques, elle garde une préadaptation à ces conditions qui peut perdurer sur des milliers voire des millions d'années. Si son habitat évolue vers un climat que l'espèce a déjà connu par le passé, cette préadaptation lui offrira alors une tolérance à ces nouvelles conditions climatiques", explique Antoine Guisan, professeur d'écologie spatiale à l'Université de Lausanne, cité dans un communiqué.
Grâce à cette préadaptation, la perte de biodiversité due au réchauffement climatique serait ainsi moins forte que prévu pour les espèces tropicales, dont la niche écologique serait potentiellement plus large que les limites climatiques actuelles.
Les auteurs soulignent cependant que cette estimation de la biodiversité menacée reste "alarmante" et ne prend pas en compte les autres facteurs d'extinction des espèces: perte d'habitats, pollution, surexploitation, invasions biologiques.