« Privilégier l’usage d’un véhicule plutôt que la possession » : rencontre avec Guirec Grand-Clément – Vice-président Enterprise Holdings France
Quels sont les objectifs d’implantation d’Enterprise sur le territoire français ?
Guirec Grand-Clément : À ce jour, Enterprise est présente en France à travers 160 agences. Avec une vraie particularité par rapport au reste de l’industrie de la location de véhicules, en dehors de deux franchisés en Corse qui est un marché saisonnier assez particulier, toutes les autres agences Enterprise sont opérées en propre.
Est-ce particulier à la France ?
G. G.-C. : Pas du tout. Enterprise applique un modèle similaire dans d’autres pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande ou l’Espagne par exemple.
Quels sont les avantages de cette particularité par rapport au modèle de franchise largement utilisé par vos concurrents ?
G. G.-C. : Ce modèle a trois avantages importants. Le premier, c’est de nous offrir la liberté de nous implanter là où nous le souhaitons, sans contraintes liées à des territoires réservés à des franchisés. Le second point, c’est la maîtrise de notre flotte de véhicules. Nous pouvons déplacer les voitures d’un point à l’autre afin de répondre au mieux aux besoins de nos clients. Par exemple, durant la période estivale, un certain nombre de véhicules est déplacé en direction du sud et de l’ouest de la France. Ou encore pour répondre à des pics d’activités professionnels, nous pouvons rapidement affecter des voitures à une région ou une autre. Enfin, troisième point fort de notre organisation, c’est la maîtrise complète de nos équipes. Tous les collaborateurs, répartis dans les 160 agences, sont des employés Enterprise. Cela nous permet d’avoir une meilleure cohérence dans les formations qui sont dispensées par notre propre département Formation.
Quels sont vos objectifs de développement pour les années à venir ?
G. G.-C. : Nous souhaitons, pour les cinq années qui viennent, maintenir un rythme de huit à dix ouvertures chaque année. En termes de stratégie de développement, nous concentrons nos efforts sur les grosses villes afin de renforcer notre présence, et sur les agglomérations représentant une zone de chalandise de 80 000 à 100 000 personnes. Nous portons également une attention toute particulière au maillage économique.
Dans votre clientèle professionnelle, ciblez-vous un type d’entreprise en particulier ?
G. G.-C. : Non, de l’artisan aux grands comptes, tous les types d’entreprises sont clientes chez nous. Notre stratégie est d’avoir un équilibre de nos clients entre TPE, PME, PMI, grands groupes internationaux… Nos employés en agence ont pour mission, toutes les semaines, d’aller voir les entreprises présentent autour d’eux. Dans l’air du tout digital, le contact humain reste très important. Et pour nos clients, pouvoir mettre un visage sur un nom, c’est un vrai plus. C’est l’assurance, en cas de problème, de réservation de dernière minute, de pouvoir décrocher son téléphone et d’avoir en direct la bonne personne. C’est un point très important de notre relation avec nos clients qui, je le crois, fait la différence.
Quelles sont vos typologies de clients ?
G. G.-C. : Les clients d’Enterprise se découpent en trois grandes catégories : les véhicules de remplacements, nous sommes leader en France sur ce marché, les particuliers et les locations pour motifs professionnels.
Comment avez-vous intégré l’évolution vers l’électrification des véhicules ?
G. G.-C. : Nous avons commencé à équiper certaines de nos agences en borne de recharge électrique. Pour le moment, ce sont principalement les agences situées autour des aéroports ainsi que quelques agences de proximité en ville qui peuvent offrir à nos clients la location de véhicules électriques. Comme nous, les entreprises vont être soumises à la loi qui les oblige à terme à électrifier leurs parcs de véhicules. Notre objectif est de leur proposer des véhicules électriques qui soient adaptés à leurs besoins de déplacement. Aujourd’hui, nous avons une gamme qui s’est bien étendue allant de voitures compactes, les plus utilisées dans un cadre professionnel, jusqu’à des véhicules plus haut de gamme offrant plus d’autonomie.
Pouvez-vous me présenter votre service Enterprise CarShare ?
G. G.-C. : Enterprise CarShare permet une gestion des véhicules plus flexible, plus rationnelle et plus efficace. C’est un service d’autopartage que nous mettons à disposition des entreprises en remplacement d’une flotte classique de véhicules. Enterprise CarShare répond à une volonté de privilégier l’usage d’un véhicule plutôt que la possession. En tout cas de ne plus avoir un véhicule qui est attribué mais qui est partagé entre plusieurs utilisateurs. Notre technologie, installée dans le véhicule mis à disposition de notre client, permet de gérer en temps réel la réservation, l’usage et le retour. Via un site internet dédié, tous les utilisateurs potentiels connaissent les périodes où les véhicules sont disponibles. Finalement, au lieu d’avoir dix voitures qui dorment la plupart du temps sur le parking de la société, on a une ou deux voitures dont l’usage est maximisé. On utilise moins de véhicules pour faire plus de trajets.
À quel type d’entreprise Enterprise CarShare est-il destiné ?
G. G.-C. : Il n’y a pas de limite, certains de nos clients ont démarré avec une seule voiture pour tester le concept avant d’augmenter leur parc. La seule contrainte est d’être plusieurs, au moins deux pour que la notion de partage ait un sens. Et il n’y a pas non plus de limite dans le type d’entreprise. La technologie Enterprise CarShare peut s’installer aussi bien sur un véhicule de tourisme qu’un véhicule utilitaire. Enfin j’ajouterais que d’après nos retours d’expérience, un véhicule en autopartage permet de retirer de la route vingt véhicules privés.
Quels types de services avez-vous développés pour vos clients, et particulièrement professionnels ?
G. G.-C. : il y a une constante dans notre métier, personne n’aime attendre derrière le comptoir pour récupérer ses clés de voiture. Et encore plus dans le cadre d’un déplacement professionnel où votre temps est compté. Nous avons mis en place un programme de fidélisation, Emeraude Club, qui outre l’ouverture de crédits pour des journées de location gratuite, donne la possibilité d’intégrer dans son profil tous les renseignements administratifs nécessaires à l’établissement du contrat de location. Le client peut même signer un contrat annuel ce qui lui permet d’aller directement sur le parking récupérer son véhicule sans passer par le comptoir. C’est un service que nous développons prioritairement dans les gares et les aéroports à travers National, l’une des trois marques que nous opérons en France. L’équivalent pour la marque Enterprise est le programme de fidélisation Enterprise Plus.
Toujours dans l’esprit de rendre l’accès à nos services plus fluides, dans certaines de nos agences, 25 à ce jour, nous avons mis en place un système de boîtes à clés connectées, à l’image de ce que vous pouvez connaître si vous êtes utilisateurs des services de location type Airbnb. Cela offre beaucoup de souplesse à nos clients qui peuvent alors récupérer leur véhicule à n’importe quel moment, et surtout en dehors des heures d’ouvertures des agences.
Comment accompagnez-vous les entreprises dans la définition de leurs besoins en matière de mobilité ?
G. G.-C. : Notre force de vente est formée pour jouer le rôle de consultant en mobilité. Ils sont à même de définir précisément les besoins d’une entreprise en fonction de l’analyse de différents critères comme la flotte existante, le type et la fréquence de trajets effectués, la présence ou pas d’une flotte grise, c’est-à-dire tous les véhicules personnels utilisés pour des déplacements professionnels, etc. Ils peuvent ensuite proposer une multitude de solutions depuis la location simple en agence jusqu’à notre service d’autopartage Enterprise CarShare.
Quels outils de dématérialisation proposez-vous aux entreprises ?
G. G.-C. : Outre les systèmes de réservation classiques, nous avons développé notre propre outil de réservation interne. C’est un service que nous proposons aux PME PMI qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans un outil spécifique. Nous leur mettons à disposition un intranet dédié qui leur permet de réserver avec un processus accéléré et leur propre tarification. Pour nos clients garagistes et carrossiers, nous avons développé un système de réservation qui leur est propre. Il leur permet de gérer la location des véhicules de remplacement, surtout les éventuels prolongements de durée. Dans le processus, nous venons chercher sur place le client du garage qui a besoin de ce véhicule de remplacement. Et pareil au retour du véhicule dans l’autre sens. Un service très apprécié je dois dire.
Quelles sont vos offres de location longue durée ?
G. G.-C. : Nous avons des entreprises qui ont des besoins ponctuels, souvent des véhicules utilitaires, pour répondre à un contrat précis ou un surcroît d’activité. Nous avons donc une partie de notre flotte qui est destinée à des locations de 30 jours et plus, sans aller au-delà d’une année. Ça peut être, par exemple, pour fournir un véhicule à un employé en période d’essai, pour des artisans ou des sociétés de BTP qui ont besoin de véhicules utilitaires pour la durée d’un chantier bien spécifique ou encore pour remédier à un retard de livraison d’un véhicule de fonction comme ça a été beaucoup le cas ces deux dernières années.
On change de sujet avec l’arrivée d’un événement qui risque de bouleverser les déplacements à Paris et ses alentours, les Jeux Olympiques. Comment avez-vous anticipé cette période ?
G. G.-C. : Notre postulat de départ est que nos agences doivent rester ouvertes. Je ne prévois donc pas, à date, de fermeture de nos agences autour de Paris. Concernant Paris intra-muros, la situation est pour le moment plus floue. Nous travaillons étroitement avec la préfecture de Police qui est toujours en recherche de solutions pour maintenir un minimum de circulation tout en préservant la sécurité. Il y aura indéniablement de fortes contraintes sur les agences à proximité d’un lieu de compétition et donc soumis à des restrictions de circulation entre les zones bleues ou rouges, voire grises pour la cérémonie d’ouverture. Sur les lieux de transit comme les aéroports, nous avons prévu d’augmenter notre flotte de véhicules pour offrir de la disponibilité pour nos clients. Dans les gares parisiennes, les choses devraient être plus compliquées, comme la gare de Lyon par exemple qui se trouve dans le périmètre de la cérémonie d’ouverture. Globalement, nous tablons sur un fort ralentissement de l’activité de nos clients professionnels à partir du mois de juillet.
Ce contenu a été réalisé en partenariat avec Enterprise. La rédaction de BFM Business n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.