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"Pas d'alcool, pas d'armes à feu": à Nouméa, la CCAT tente de reprendre la main sur les barrages

Des membres de l'organisation indépendantiste interrogés par BFMTV expliquent vouloir reprendre la main sur les barrages pour pacifier le mouvement anti-réforme.

À Nouméa, au cœur du QG de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) où BFMTV a pu se rendre, on s'affaire à reprendre la main sur les nombreuses barricades qui entravent la circulation dans l'agglomération. 

Maude*, membre de l'organisation indépendantiste dans le viseur du gouvernement, reconnaît ne pas avoir anticipé ces émeutes. "On n'a pas su sentir le brasier dans lequel on était", confie-t-elle. D’autant qu’elle n'avait observé auparavant "aucun débordement, jamais de casse".

"Le lendemain (du premier soir d'émeutes, NDLR) on s'est réveillé tétanisés. Il a fallu aller sur le terrain pour calmer tout le monde", explique-t-elle à BFMTV.

"Pas d'alcool, pas d'armes à feu"

Georges, un autre responsable de la CCAT, promet de "maintenir une mobilisation pacifiste". C'est souvent lui qui se rend directement sur les points de blocage pour transmettre à la base les différentes décisions et consignes. Désormais, le mot d'ordre est "pas d'armes à feu sur les points de ralliement, pas d'alcool, pas d'affrontement avec les forces de l'ordre", assure-t-il.

De son côté, Maude tient à se défendre de certaines accusations. "L'accès aux soins n'a jamais été bloqué" pour les véhicules de personnel médical ou les ambulances, assure-t-elle.

En déplacement sur l'archipel ce jeudi, Emmanuel Macron a réclamé la levée des barrages pour mettre fin à l'état d'urgence et entamer un nouveau cycle de négociations politiques. Le chef de l'État a aussi réclamé un "appel clair à ces levées par le FLNKS, la CCAT et tous responsables impliqués".

"Soit ils ont décidé politiquement de ne pas les tenir soit peut-être ne pourront-ils pas les tenir… à ce moment-là, nous verrons si c’est un mouvement politique ou insurrectionnel", a-t-il estimé dans un entretien avec la chaîne Nouvelle-Calédonie La 1ère.

Les barrages toujours actifs

La visite du président de la République ne paraît pourtant pas avoir changé la donne à Rivière Salée, au nord de Nouméa. Des barrages sont toujours en place et sont gardés, machette à la main, ont constaté nos journalistes sur place.

Militant indépendantiste, Dareawa Dianou occupe l'un d'entre eux. Alors qu'Emmanuel Macron a promis que la réforme électorale ne passerait "pas en force", lui veut le retrait pur et simple du texte. "Il enlève le texte, automatiquement les barrages se lèvent. Le corps électoral a été gelé, il restera gelé, c'est tout. Il n'y a pas de négociations là-dessus", affirme-t-il.

Une vingtaine de leaders de la CCAT sont assignés à résidence, pour des motifs tels que incitation à la haine, troubles à l'ordre public, dont le leader de l'organisation Christian Téin. Ce dernier fait toujours l'objet d'une "mesure administrative", a confirmé Emmanuel Macron à Nouvelle-Calédonie La 1ère. "Il a respecté son assignation (...) Si les engagements sont tenus, les assignations administratives seront levées avec la fin de l'état d'urgence", a-t-il promis.

L'objectif de la CCAT, née en novembre 2023 et qui est montée en puissance au fil des mobilisations avec jusqu'à 15.000 manifestants le 13 avril, était d'organiser la contestation pour que l'État renonce au dégel du corps électoral calédonien.

Cette organisation, dont la dissolution a été demandée par les non-indépendantistes, "est mafieuse, violente, commet des pillages, des meurtres" et n'est "pas politique", a accusé Gérald Darmanin. Elle est "désormais loin du FLNKS", le principal mouvement indépendantiste, selon le ministre de l'Intérieur.

*les prénoms ont été modifiés

Clémence Dibout avec François Blanchard