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"On a pris des risques": des agents pénitentiaires de Toulon avaient transféré Mohamed Amra en Normandie

Le détenu, évadé au cours de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure le 14 mai, avait été transféré un mois plus tôt depuis le centre pénitentiaire de Marseille jusqu'à Évreux. Des agents toulonnais avaient encadré le transfert.

"Ça aurait pu moi, ça aurait pu être mes collègues." Homme le plus recherché de France depuis l'attaque d'un fourgon pénitentiaire qui a coûté la vie de deux agents en Normandie le 14 mai, Mohamed Amra avait déjà été transféré à Évreux depuis le centre pénitentiaire de Marseille le 11 avril dernier.

Quatre agents du Pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) de Toulon avaient participé à cette mission. Ils étaient allés chercher Mohamed Amra au centre pénitentiaire de Marseille et s'étaient rendus à l'aéroport de Marignane, où ils avaient pris l'avion jusqu'à Évreux. Avec le recul, ils font état d'un manque de sécurité lors de ce transfert, compte tenu du profil du détenu, toujours recherché à ce jour.

"Il n'y avait pas de Forces de sécurité intérieure (FSI) demandées pour cet individu, malgré son profil", raconte Didier Fernandez, membre du PREJ, au micro de BFM Toulon Var. "Jusqu'à Évreux, nous l'avons transporté sans FSI dans un avion d'Air France avec des familles, des enfants, et sans qu'on ait connaissance de sa dangerosité. On l'a transporté sans inquiétude, on a fait notre travail normalement."

"On n'était pas bien protégés"

Deux jours après l'évasion violente de Mohamed Amra au cours d'un transfert entre le tribunal de Rouen et la maison d'arrêt d'Évreux, Didier Fernandez dit prendre conscience des risques qu'ils ont eux-mêmes encourus lors du premier transfert du détenu, qui sortait du quartier d'isolement.

"Par rapport au profil du détenu, on n'était pas bien protégés. On avait un fourgon pénitentiaire en très mauvais état, les portes brinquebalaient. On s'est dit: 'En fait, on a pris des risques ce jour-là'."

Aujourd'hui, l'agent fait même part d'un certain sentiment de culpabilité vis-à-vis des deux agents tués dans l'attaque du fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville.

"Comme on n'a pas eu les forces de l'ordre, on aurait pu refuser l'extraction, mais on a continué notre mission. Sur le moment, on ne se pose pas la question. Après, avec le recul, on se dit qu’on est un peu coupable."

Le personnel pénitentiaire mobilisé depuis l'attaque

Ce jeudi 14 mai, une nouvelle mobilisation avait lieu au centre pénitentiaire de La Farlède, dans le Var, où les agents demandent des "mesures fortes" depuis la mort de leurs collègues. Ils réclament plus de moyens et de personnel pour pouvoir continuer d'exercer leur activité sans avoir à faire face au quotidien à de telles situations dangereuses.

Ils demandent entre autres à être "mieux dotés en armement" ou encore "que (leurs) véhicules soient blindés" pour éviter une attaque similaire à celle survenue dans l'Eure.

"On se prépare toujours à d’éventuels cas d’exfiltration d’un détenu. Mais là, je suis vraiment tombé des nues en me transportant sur cette évasion. (...) Ça aurait pu être moi, ça aurait pu être mes collègues. Ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand", conclut Didier Fernandez.

Jasmine Bousquet avec Laurène Rocheteau