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Nouvelle-Calédonie: le principal parti indépendantiste refuse de rencontrer la mission de dialogue

Des habitants marchent le long d'une rue bloquée dans le quartier des Jacarandas à Dumbéa, en Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique, le 2 juin 2024.

Des habitants marchent le long d'une rue bloquée dans le quartier des Jacarandas à Dumbéa, en Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique, le 2 juin 2024. - DELPHINE MAYEUR / AFP

L'Union calédonienne demande le retrait du projet de loi constitutionnelle sur la modification du corps électoral et la fin de la "répression" policière avant d'envisager une rencontre avec la mission de dialogue installée par le chef de l'Etat.

L'Union calédonienne (UC), principal parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, a indiqué mercredi 5 juin qu'il "ne souhaite pas rencontrer la mission de dialogue" installée dans l'archipel en mai par Emmanuel Macron durant son déplacement sur l'archipel.

"Les responsables de l'Union calédonienne ne souhaitent pas rencontrer la mission de dialogue présente en Kanaky (nom donné par les indépendantistes à la Nouvelle-Calédonie, NDLR) dans ces conditions", indique le parti dans un communiqué publié après la réunion de son comité exécutif.

Réclamant de nouveau "le retrait du projet de loi constitutionnelle sur la modification du corps électoral", dont l'examen à l'Assemblée nationale a provoqué les pires violences depuis 40 ans en Nouvelle-Calédonie, l'UC estime que l'Etat "traite les événements de ces dernières semaines comme de simples émeutes urbaines" et répond "par la violence policière".

"L'Union calédonienne dénonce les répressions policière et militaire qui persistent depuis la levée de l'état d'urgence", poursuit le communiqué, qui assure que le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a été "saisi" au sujet de ces violences.

L'UC accuse Emmanuel Macron d'être "sourd" et estime nécessaire de "cesser tout de suite toute cette répression" avant d'envisager de rencontrer la mission de dialogue.

L'abandon de la réforme demandé par les partis

Dans un courrier daté de mercredi adressé au chef de l'Etat, le président de l'Union progressiste en Mélanésie (UPM) Victor Tutugoro et le président du Congrès calédonien Roch Wamytan, deux importantes figures indépendantistes qui s'exprimaient au nom du FLNKS, ont pour leur part évoqué d'éventuelles discussions avec la mission de dialogue "après le prochain congrès du FLNKS" qui doit se tenir mi-juin, à condition que la réforme soit abandonnée.

"Une telle annonce constitue, à notre sens, le seul effet déclencheur qui permettra d'apaiser durablement la situation en Nouvelle-Calédonie dans l'objectif de poursuivre les discussions de manière approfondie avec ladite mission après le prochain congrès du FLNKS".

Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) regroupe les principaux partis indépendantistes calédoniens, dont l'UC.

Macron contre un "retour en arrière"

Venu le 23 mai, Emmanuel Macron a indiqué qu'il n'y aurait "pas de passage en force" mais pas non plus de "retour en arrière" sur ce projet de loi constitutionnelle contesté. Il a aussi installé une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires, chargés d'échanges bilatéraux avec indépendantistes et non-indépendantistes.

Dans son communiqué, l'Union calédonienne a également alerté "sur le fait que les conditions ne sont pas réunies pour que les élections européennes se tiennent normalement" dimanche, évoquant "un manque de sécurité que l'Etat ne peut pas garantir".

"Les maires Union calédonienne apprécieront les situations locales en toute responsabilité", ajoute le communiqué.

L'UC compte 13 maires sur les 33 communes de Nouvelle-Calédonie, essentiellement dans le nord du territoire et sur les îles. Interrogée par RFI sur le sujet, la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, a elle assuré que "les élections européennes pourront se tenir dans l'ensemble des communes de Nouvelle-Calédonie" et se dérouleront "normalement sur 90% du territoire calédonien", évoquant seulement quelques fermetures de bureaux de vote.

E.R. avec AFP