Nouvelle-Calédonie: la gauche appelle l'exécutif à "l'apaisement" et à ne pas convoquer le Congrès
En réponse aux violences qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis le début de la semaine et qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, Emmanuel Macron a décidé de demander la déclaration de l'état d'urgence. Une réponse ne correspondant pas aux enjeux pour de nombreux responsables de gauche, appelant plutôt l'exécutif à renouer le fil du dialogue et à jouer "l'apaisement".
"Assez! Assez de morts. La paix tout de suite. Pas d'escalade, a réclamé le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon sur son compte X. "Président Macron, tendez la main. Faites les gestes simples qui sauveront les vies et notre honneur de Français aux yeux du monde!"
"Utiliser la répression, la force et l’autoritarisme, soit les méthodes coloniales" est "la pire méthode", a également lancé sur le réseau social la député de Paris EELV Sandrine Rousseau.
Roussel dénonce "le retour d'un État colonial"
Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a aussi appelé au "calme" et au "dialogue" en Nouvelle-Calédonie, regrettant le choix d'instaurer l'état d'urgence et "de convoquer, malgré tout, le Congrès fin juin".
"C’est le retour d'un État colonial! C’est le pire de la France", a encore estimé le député communiste.
L'Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès sont censés se prononcer dans les prochaines semaines sur le projet de loi constitutionnelle voté dans la nuit de mardi à mercredi par les députés. Le texte, qui prévoit d'élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, est vivement contesté par les indépendantistes kanaks qui craignent de voir leur poids politique s'amenuiser.
Afin de mettre fin à la crise, le Parti socialiste a appelé dans un communiqué Emmanuel Macron et le gouvernement de Gabriel Attal à faire un "geste fort d'apaisement qui permettra de retrouver le chemin du dialogue et de la recherche du consensus" en "renonçant à reunir le Congrès". "Le Parti socialiste soutient la recherche d'un projet d'accord global qui ne soit pas une simple et contestée réforme électorale".
Des appels au calme "improductifs"
"Vos appels au calme ont été totalement improductifs", a estimé le sénateur socialiste Patrick Kanner, interpellant Gabriel Attal lors de la séance de questions au gouvernement. "Il faut créer immédiatement une mission de dialogue entre tous les partenaires calédoniens et l'État. Il faut annoncer que le Congrès ne sera pas convoqué."
Le président de la République Emmanuel Macron a fait savoir que le Congrès se tiendra "avant la fin juin", à moins de la conclusion d'un accord entre les forces politiques locales. Gabriel Attal a quant à lui annoncé qu'il proposerait "dans les prochaines heures une date pour les recevoir à Matignon en compagnie du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, pour poursuivre l'échange et le dialogue".
"Si nous trouvons un consensus, nous pourrons continuer à avancer. Si le consensus n'est pas trouvé, nous devrons continuer à avancer aussi de la manière dont nous l'avions prévu", a résumé le Premier ministre face aux sénateurs.
"En réalité, entre le moment où vous allez inviter les parties (...) et le moment où il faudra convoquer le Congrès, il ne restera que quelques jours pour que les parties et l'État puissent s'entrendre sur un projet global. C'est totalement inacceptable, inadmissible, irresponsable", a fustigé à l'Assemblée nationale, face à Gabriel Attal, le député de la Guyane Jean-Victor Castor, qui siège aux côtés des communistes.
À droite et à l'extrême droite, la pression sur l'exécutif s'est surtout exercée jusqu'à présent afin que l'état d'urgence soit instauré, chose qu'elle a finie par obtenir. "Il ne peut pas y avoir de dialogue dans la chienlit", a insisté le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.La patronne du Rassemblement national Marine Le Pen avait également affirmé sur X que "la gravité des violences qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie nécessite la proclamation de l'état d'urgence".