"Nous allons imposer notre calendrier": en Nouvelle-Calédonie, au cœur des derniers barrages des indépendantistes
Un retour à la normale illusoire? Alors qu'à la suite de plusieurs jours d'émeutes l'état d'urgence a été levé mardi 28 mai en Nouvelle-Calédonie et que l'interdiction de TikTok y a été également abrogée, la situation sur l'archipel reste extrêmement tendue. Si les milliers de policiers en gendarmes mobilisés à Nouméa tentent de démanteler peu à peu les barrages, les indépendantistes restent massivement mobilisés.
Darmanin "a du sang sur les mains"
La fin de l'état d'urgence marque également la fin de l'assignation à résidence d'une vingtaine de leaders indépendantistes, qui peuvent de fait de nouveau haranguer leurs troupes sur les différents points de blocage. C'est le cas de Christian Tein, responsable de la CCAT, Cellule de coordination des actions sur le terrain, que BFMTV a pu suivre sur l'un de ses déplacements sur la presqu'île de Ducos, en périphérie de la capitale néo-calédonienne.
"L’État a toujours foutu la merde ici dans notre pays avec ce sujet du corps électoral", lance-t-il devant une foule de plusieurs dizaines de personnes.
Le ton est donné et l'objectif est clair: galvaniser la foule en désignant ceux qui sont, selon lui, les uniques responsables des événements tragiques de ces derniers jours, où sept personnes dont deux gendarmes ont trouvé la mort.
"Si on en est arrivés là aujourd'hui avec les morts, les gendarmes qui sont morts, c'est de la responsabilité première de monsieur Darmanin. C'est lui qui a le sang des Kanak, des gendarmes et de tous ceux qui sont partis, sur les mains. Il ne faut pas que vous vous culpabilisiez entre vous, la responsabilité première, c'est monsieur Darmanin", ajoute-t-il. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur avait qualifié la CCAT de "groupe mafieux."
"On est partis sur trois mois de mobilisation"
En ce qui concerne la dernière visite d'Emmanuel Macron, Christian Tein n'est pas convaincu que le déplacement du président de la République ne change quelque chose aux problèmes profonds de la Nouvelle-Calédonie.
"On attendait beaucoup plus que ça. C’est un combat qui vient de très très loin, de plus de 80 ans, et il est temps de fermer la parenthèse coloniale de notre pays. Tout ce qui arrive, on en est comme tout le monde, désolés, mais malheureusement après c'est la rue qui prend le relais, c’est ça qui est arrivé", dit-il à notre caméra.
Lors de sa visite sur l'archipel, le chef d'État avait promis un point d'étape d'ici un mois. Un délai rejeté par les manifestants. "C’est nous-même qui allons imposer notre calendrier. Nous, on est partis sur trois mois de mobilisation. C’est un minimum", nous dit Steeve, responsable terrain CCAT.
Un mouvement qui s'essoufle?
En parallèle, les forces de l'ordre mobilisées tentent de reprendre le long axe stratégique qui relie Nouméa à l'aéroport. Les forces de l'ordre ont la mission de déblayer et sécuriser cette route qui mène à l'aéroport international de La Tontouta, fermé jusqu'à dimanche au moins, conséquence des émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie pendant une quinzaine de jours.
Et si les flammes de l'opposition à la loi constitutionnelle se sont en grande partie éteintes, des braises restent encore vives ici ou là. Depuis Nouméa, la route est d'abord fluide, seuls les débris qui jonchent la chaussée rappellent les émeutes.
Un peu plus au nord, la route est un temps bloquée en raison du déblaiement des carcasses. Et au col de La Pirogue, un point de blocage névralgique pour l'accès à l'aéroport, des militants sourient auprès d'une voiture en feu et devant des véhicules qui circulent librement.