Monoplace autonome: quand l'IA prend la place d'un pilote de course
Des monoplaces du constructeur italien Dallara. Des écuries parées de différentes couleurs. Un circuit mythique... Celui de Yas Marina à Abou Dhabi. À première vue, une course automobile des plus normales se déroulait ce week-end aux Emirats arabes unis. Et pourtant, en se penchant un peu plus sur l'événement, on pouvait constater - non sans stupeur - que l'intelligence artificielle était aux commandes des monoplaces.
L'Abu Dhabi Autonomous Racing League (A2RL), une discipline "à l'intersection de la science, du sport, et de la technologie", s'était félicité Faisal Al Bannai, secrétaire général de l'ATRC (l'entité mère d'ASPIRE, société à l'initiative de cet ambitieux projet) dans un communiqué publié lors de la présentation de la Super Formula Dallara SF23 "autonome".
C'est d'ailleurs cette dernière qui a été utilisée par les ingénieurs des dix équipes inscrites pour participer à la compétition. Parmi elles: des universités prestigieuses (comme l’École Polytechnique de Milan en Italie ou l'Université de Californie, Berkeley aux Etats-Unis) et des instituts de recherche reconnus.
Une décision toutes les cinq millisecondes
Chaque équipe travaille sur une monture commune (la Super Formula Dallara SF23 "autonome") et doit adapter ses algorithmes pour être plus rapide que ses concurrents. Trajectoires, passages des rapports de vitesse, utilisation du frein moteur, zones de freinage. Rien ne doit être laissé au hasard pour remporter la victoire.
Toutes les cinq millisecondes, des décisions sont prises par l'ordinateur de bord pour faire réagir la monoplace. Une fois la course débutée, aucun ingénieur ne peut avoir d'interaction avec l'algorithme. La voiture est livrée à elle-même.
Néanmoins, la plupart des monoplaces - pourtant truffées de caméras, de GPS et d'un ordinateur - se sont littéralement plantées dans une course où les tête-à-queue régnaient en maître. Freinages injustifiés, violents coups de volant et même collision entre les voitures, le public n'a été déçu. Pas même Daniil Kvyat, ancien pilote de F1, qui s'est dit "impressionné" par la performance des monoplaces autonomes.
"Il y a peu, c’était difficile d’imaginer des voitures de course pilotées par des IA, et maintenant elles font du très bon travail. C’est une belle avancée pour le futur et très intéressant pour tous les ingénieurs impliqués."
Des progrès à faire
Le pilote russe, ancien pensionnaire de l'écurie Red Bull, s'est même offert des tours de pistes contre une monoplace pilotée par l'intelligence artificielle. La course entre les prototypes a eu lieu et après huit tours, ils ont regagné leurs stands, non sans séquelles. Mais l'A2RL donne rendez-vous pour l'année prochaine. Avec, vraisemblablement, quelques petites améliorations.
Depuis plusieurs années déjà l'intelligence artificielle s'est invitée dans nos voitures. Tesla et son patron, Elon Musk, on fait de la voiture autonome un enjeu majeur. Si bien que 2023 devait être l'année de cette technologie.
Mais à cause des différents incidents liés aux robot-taxis américains et du désamour assumé de certains constructeurs, la voiture autonome n’a pas trouvé de modèle économique pérenne à ce stade.
Les Français, eux, se montrent sceptiques face à l'arrivée des voitures autonomes sur nos routes. Près des deux tiers d'entre eux ne font pas vraiment confiance à la technologie pour faire mieux que l'humain derrière le volant.