Les indépendants plus heureux au travail que les salariés
Un bond inédit du nombre de créations d’entreprises
La création du statut d’autoentrepreneur en 2009 a encouragé de nombreux Français à se mettre à leur propre compte pour exercer leur activité professionnelle. Ils cherchent à se réaliser à travers un projet qui correspond à leurs aspirations, la question du sens étant devenue essentielle. Le gain d’autonomie représente également une motivation majeure pour ceux qui renoncent au salariat :
- pas de contraintes horaires,
- moins de temps perdu en déplacements,
- fin des longues réunions ennuyeuses,
- meilleur équilibre entre vies professionnelle et personnelle,
- grande flexibilité,
- …
La crise sanitaire a accéléré la tendance en bouleversant le monde du travail. Le télétravail est devenu la norme. Même en dehors des rebonds épidémiques qui imposent le recours généralisé à ce mode d’organisation, les entreprises autorisent leurs collaborateurs à travailler hors de leurs bureaux au moins une partie de la semaine. D’autres permettent à leurs salariés de se rendre dans les locaux d’une filiale ou d’un centre de coworking plus proche de leur domicile.
Résultat, en 2021, le nombre de créations d’autoentreprises a augmenté de 17 % sur un an, pour se rapprocher de la barre du million, un record historique. Au total, 3 millions de Français exercent donc en tant qu’indépendants à l’heure actuelle.
Des indépendants heureux au travail malgré les difficultés
Et 70 % d’entre eux affirment être heureux au travail, contre 55 % chez les salariés. 88 % des travailleurs indépendants souhaitent d’ailleurs le rester. Ce pourcentage augmente même à 90 % chez les femmes, nombreuses à avoir été licenciées pendant la pandémie ou avoir été contraintes de quitter leur emploi pour s'occuper de leurs enfants.
Pour autant, leur situation n’est pas idéale, la crise ayant révélé de nombreuses fragilités. En conséquence, le gouvernement a mis en place un plan dédié pour améliorer leurs conditions.
- La protection du patrimoine est le premier axe majeur de ce plan : le statut permet la distinction des biens personnels de l’entrepreneur et ceux dédiés à son activité professionnelle, évitant la saisie de leurs actifs personnels en cas de faillite.
- La protection sociale est le deuxième axe du plan : 8 indépendants sur 10 réclament le renforcement de leur couverture en cas de maladie, d’accident, de maternité/paternité… À notre connaissance, seul le portage salarial est en capacité d’offrir un niveau de protection sociale équivalent à celui d’un salarié.
La facilitation de l’accès à la formation est un autre point relevé par les 30 % d’indépendants qui ont observé des avancées au cours du quinquennat. 60 % des indépendants ont des envies fortes dans ce domaine, en proportion égale avec les salariés. Les jeunes générations sont les plus demandeuses (68 % chez les 18-24 ans et 67 % chez les 25-34 ans), suivies par les 45-54 ans, qui envisagent une reconversion ou veulent faire évoluer leur carrière.
Des attentes fortes dans un contexte marqué par les inégalités hommes-femmes
De nombreux défis demeurent pour permettre aux indépendants de travailler dans des conditions proches de celle des salariés, comme ils le plébiscitent. 80 % d’entre eux déplorent d’ailleurs le manque de considération de leurs enjeux dans les sujets de la présidentielle. Concernant le pouvoir d’achat, thème central, seuls 19 % des non-salariés estiment que le dernier quinquennat a apporté des améliorations. Les inégalités salariales restent marquées.
- Environ 50 % des femmes indépendantes réalisent un chiffre d’affaires mensuel inférieur à 1 999 € (19 points de plus que les hommes).
- Seuls 6 % d’entre elles parviennent à générer en un mois un CA compris entre 8 000 € et 19 999 € (contre 10 % des hommes).
- Enfin, à peine 3 % des femmes freelances affichent un CA supérieur à 20 000 € par mois (5 % des hommes).
Selon Laurent Granguillaume, porte-parole d’ITG, « ces disparités s’expliquent principalement par une moindre disponibilité pour multiplier les missions, en raison des obligations personnelles ». D’ailleurs, 73 % des indépendants en France disposent de moins de 15 heures hebdomadaires à consacrer aux loisirs (sport, sorties, lecture, etc.).
La faiblesse des revenus empêche les femmes salariées et indépendantes d’épargner. 54 % d’entre elles ne sont pas en mesure de mettre de l’argent de côté, quand bien même les Français prennent conscience de l’importance de préparer leur retraite. Même pour 42 % des jeunes de 18-24 ans, anticiper ses vieux jours devient crucial et 51 % des actifs âgés de plus de 55 ans ont pris des dispositions en ce sens.
Les indépendants attendent ainsi des efforts supplémentaires de la part de l’État sur divers points :
- les droits sociaux (80 % des répondants),
- la sécurisation du patrimoine (61 % des sondés),
- la simplification des démarches et obligations administratives (exprimée par 70 % des plus de 55 ans),
- l’accès à la formation professionnelle,
- l’isolement (50 % des indépendants ne se sentent pas assez entourés).
Ce contenu a été réalisé en partenariat avec ITG. La rédaction de BFMTV n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.