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Transports

Les Français adorent le train mais moins son prix et son manque de rapidité

Selon une étude de la Fédération nationale des associations d'usagers de transports (Fnaut), la moitié des Français ont pris le train au moins une fois au cours des 12 derniers mois.

L'engouement pour le train ne se dément pas. Si on s'intéresse aux grandes lignes, l'an passé et la SNCF a comptabilisé 122 millions de passagers, un record historique. Le chiffre se hisse même à 156 millions avec les destinations européennes et il faut également additionner le trafic des concurrents de la SNCF.

Plus globalement, selon une étude* de l'Ifop pour la Fédération nationale des associations d'usagers de transports (Fnaut), la moitié des Français ont pris le train au moins une fois au cours des 12 derniers mois.

Et si la SNCF avait enfin une vraie concurrente sur le TGV?
Et si la SNCF avait enfin une vraie concurrente sur le TGV?
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Dans le détail, 43% ont embarqué dans un TGV, 36% dans un TER et 27% dans un Intercité.

Reste que la distance compte. "Le train est perçu comme une alternative à la voiture surtout pour les distances entre 300 et 500 km, puis est devancé par l’avion au-delà de 500 kilomètres", peut-on lire.

Écologique mais trop cher

Outre la praticité, les utilisateurs plébiscitent à 87% le volet écologique du train, 83% son confort, 82% sa rapidité ou encore son adéquation avec les trajets longs. 46% des Français estiment également qu'un voyage en train est idéal pour faire autre chose: se divertir ou travailler.

Ce bilan positif, et sans surprise, a néanmoins son revers. Pour les utilisateurs, de nombreux points sont toujours et encore à améliorer.

Le premier d'entre eux n'étonnera pas: 54% des Français épinglent le coût du train (un chiffre qui monte à 61% pour le seul TGV).

Il faut dire que les augmentations ont été sensibles ces deux dernières années: +5% en 2023 et +2,6% cette année en moyenne. Sans oublier les effets pervers de la hausse du nombre de voyageurs: comme les trains se remplissent plus vite aux périodes de pointe, les prix augmentent à la même vitesse et atteignent plus vite les plafonds. D'où un ressenti de cherté.

Le prix moyen du TGV (hors Ouigo) est resté stable selon la Fnaut entre 2018 et 2022, le prix d'un trajet moyen s'établissant "un peu au-dessus de 40 euros".

"En revanche, le prix moyen des Ouigo a beaucoup augmenté, passant de 23 euros à 31 euros" sur la période, assure le président de l'association, François Delétraz. Il déplore d'ailleurs "que l'augmentation de l'offre Ouigo se fasse au détriment de l'offre Inoui", et désavantage ainsi les détenteurs de carte Avantage ou Liberté, pas valables sur les trajets en Ouigo.

On rappelera néanmoins à l'inverse que l'arrivée de la concurrence a fait baisser les prix sur certaines liaisons, certes encore peu nombreuses.

Deuxième point à améliorer selon les sondés, la rapidité des trajets (40%). Si les TGV vont vite, les temps de parcours des trains du quotidien ont en effet tendance à se rallonger à cause d'un réseau secondaire en souffrance et/ou de matériel en fin de vie, comme sur la ligne Paris-Clermont Ferrand.

Trop de grèves et des accès aux gares difficiles

Viennent ensuite, la fréquence des trains (34%), la ponctualité (33%), le confort à bord (31%), la présence de trajets directs (29%) et la sécurité à bord et dans les gares (25%).

Les perturbations comme les grèves sont également dénoncées. 37% des utilisateurs de TGV les estiment trop nombreuses (32% pour les adeptes du TER et 34% pour ceux qui prennent des Intercités).

L’accès aux gares est également un frein majeur: 77% des Français pensent qu’il est difficile de stationner sa voiture à la gare pour prendre ensuite le train (pas de parking ou parkings trop chers) et 66% pensent qu’il est difficile de garer son vélo à la gare de manière sécurisée. Par ailleurs, 62% pensent qu’il n’est pas agréable de se rendre à la gare à pied.

Et du côté des non-utilisateurs? Le prix est de loin l'argument le plus mis en avant: 75% estiment que le train n'est pas bon marché.

70% regrettent que le train "ne permet pas de partir quand je veux à l'heure qui m'arrange". 70% pensent que le train ne permet d'être sûr d'arriver à l'heure (65% estiment qu'il n'y pas de fiabilité horaire), 65% critiquent le manque de destinations desservies et 62% que le train n'est pas pratique pour transporter des bagages.

"Les non-utilisateurs du train pourraient être incités par des prix bas/prévisibles, moins de perturbations (notamment les grèves) et d’insécurité", commente la Fnaut.

*: Étude menée auprès de 2.003 individus du 3 au 16 avril 2024 représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. Etude réalisée online sur système CAWI (Computer Assisted Interview) via panel. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business