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Législatives anticipées: la tentation "Murgia" dans la deuxième circonscription des Hautes-Alpes

Arnaud Murgia, maire de Briançon (image d'illustration)

Arnaud Murgia, maire de Briançon (image d'illustration) - BFM DICI

Joël Giraud fraîchement retiré de la vie politique, le maire de Briançon dispose d’un boulevard pour affronter sereinement des candidats à sa portée. Seul hic? La loi sur le non-cumul des mandats qui l’obligera à lâcher la mairie en cas de victoire.

Si l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron dimanche 9 juin est considérée comme un tremblement de terre politique, la secousse qui en a découlé dans les Hautes-Alpes a également une intensité qui ne laisse personne indifférent.

Joël Giraud a décidé dimanche soir de quitter la vie politique et ne sera donc pas candidat à sa propre succession le dimanche 30 juin. Depuis 2002, il était le député indéboulonnable de la deuxième circonscription des Hautes-Alpes (Briançon, Embrun, Saint-Bonnet-en-Champsaur).

Celui qui a battu Jean-Yves Dusserre (2002), Alain Bayrou (2007), Chantal Eyméoud (2012) ou encore Arnaud Murgia (2017), n’a pas supporté le raz-de-marée du Rassemblement National et la possible cohabitation qui attend sa famille politique.

Quels candidats vont se présenter?

Dans son fief de l’Argentière-la-Bessée où il a été maire durant de nombreuses années, Jordan Bardella (Rassemblement national) a rassemblé plus de 27 % des voix exprimées, loin devant Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique) et ses 16.69 %.

Une claque dans ce bastion de gauche. S’en était trop pour Joël Giraud qui a préféré tirer un trait sur une carrière qui n’était plus à faire. En quittant la scène politique, l’"Ogre Giraud" laisse un espace important à celles et ceux qui lorgnent sur cette circonscription depuis longtemps.

C’est le cas évidemment de Louis Albrand. Sauf surprise, le conseiller régional du Rassemblement National portera les couleurs de l’extrême-droite le 30 juin prochain. Il en a très envie en tout cas.

L’Insoumise Capucine Mounal ne sait pas encore si elle portera, comme en 2022, les couleurs de la Nupes. "C’est en train de se décider entre les partis à Paris" répond l’intéressée.

Il y a deux ans, profitant d’une vraie dynamique d’union des gauches, la Briançonnaise avait réussi à se qualifier pour le second tour des législatives. Face au député sortant Joël Giraud, elle s’était inclinée, restant treize points derrière (56.58 % contre 43.42 %).

Carole Chauvet (LR) et Rémi Roux (SE), étaient eux distancés bien loin du trio de tête "Giraud-Mounal-Albrand".

La mairie de Briançon ou être député?

Joël Giraud hors-jeux, l’espace politique entre les deux extrêmes est réel. Et ça, Arnaud Murgia l’a bien compris. "Son nom revient avec insistance mais va-t-il franchir le pas? C’est un choix difficile même s’il peut très bien gagner", décrypte une source politique qui suit ces tractations de près.

"S’il y va, il gagne. Mais le plus risqué, c’est de lâcher la mairie de Briançon. C’est vraiment ça qui doit le freiner", indique un proche d’Arnaud Murgia.

Le choix est en effet cornélien. En raison de la loi sur le non-cumul des mandats, Arnaud Murgia serait obligé de quitter son poste de maire alors que l’édile a toujours clamé haut et fort que sa priorité était Briançon.

Très actif, l’élu souhaite aussi se dégager plus de temps pour sa vie personnelle, ce qui est difficilement compatible avec un poste de député. "C’est un moment historique et grave. Il est important que nous parlions avec les acteurs politiques pour réfléchir aux décisions à prendre…", déclare Arnaud Murgia à BFM DICI lorsqu’on lui demande clairement s’il sera candidat.

Lui, Jean-Marie Bernard, Jean-Michel Arnaud et d’autres élus de droite ont passé plusieurs heures ensemble ce lundi 10 juin pour tenter de trancher.

La balle est dans le camp d’Arnaud Murgia

Car d’autres prétendants sont crédibles pour réaliser un "coup" sur la deuxième circonscription des Hautes-Alpes. À commencer par Patrick Ricou et Marcel Cannat. "Je suis en pleine réflexion", avoue l’hyperactif maire de Réotier. Toujours très discret, son homologue d’Orcières-Merlette n’a pour l’heure fait aucun commentaire.

Pour Chantal Eyméoud, en tout cas, c’est non. "Je suis heureuse à Embrun et les habitants me le rendent bien", assure la vice-présidente de la région ce lundi.

D’autres noms circulent comme celui de Valérie Rossi ou d’Émeric Salle. La binôme de Joël Bonnaffoux au Conseil Départemental des Hautes-Alpes a beaucoup de qualités, dont celle d’être une femme, à l’heure où la parité doit être respectée.

Alors que le maire de Pelleautier, Christian Hubaud, pourrait être préféré par la droite à Pascale Boyer sur la première circonscription, le profil de Valérie Rossi intéresse. Mais elle n’est plus maire de Puy-Sanières et son rayonnement, une fois passé le Guillestrois, est discutable.

Émeric Salle, le maire de la Salle-les-Alpes, a des supporters dans le Briançonnais. Mais c’est un jeune élu et il est très proche d’Arnaud Murgia. Le maire de Briançon faisant la pluie et le beau temps dans sa communauté de communes, l’édile de la Guisane ne fera rien sans l’accord de son président.

La balle est donc dans le camp d’Arnaud Murgia qui devra se décider avant vendredi, date limite du dépôt des candidatures. Y aller? Ou renoncer? Avec le risque de voir grossir une alternative d’extrême-droite ou d’extrême-gauche alors qu’il a réussi à faire le ménage dans son opposition depuis sa prise de la mairie de Briançon en 2020.

Et à six ans d’organiser les Jeux olympiques d’hiver sur son territoire, acceptera-t-il qu’une autre personne que lui défende les grands projets du Briançonnais? Ou s’y oppose? L’avis du président de région, Renaud Muselier, aidera sans doute Arnaud Murgia à faire son choix dans les prochains jours.

Valentin Doyen