Le portage salarial en plein essor suite au phénomène de « la grande démission »
Le phénomène de la « Grande démission » à l’échelle française
L’an dernier, quelque 47 millions d’Américains ont quitté volontairement leur emploi. Dans l’Hexagone, près d’un demi-million de démissions de salariés en CDI ont été comptabilisées au premier trimestre 2022. Bien que les situations des deux côtés de l’Atlantique ne soient pas comparables, les chiffres inquiètent les patrons français. Dans plusieurs secteurs, le nombre de postes à pourvoir est élevé, mais les entreprises peinent à recruter.
Les tensions s’accroissent notamment dans les domaines où la demande de compétences est très forte, comme celui de l’hôtellerie et de la restauration, du transport routier, des services d’aide à domicile et de la production industrielle.
Avant la pandémie, selon différentes études concordantes, les employeurs déploraient déjà trois principaux obstacles :
- la pénurie de candidats qualifiés,
- les rémunérations peu attractives et les conditions de travail jugées difficiles,
- un système managérial dépassé et plus largement, l’inadéquation entre les aspirations des collaborateurs et le fonctionnement de l’entreprise.
La crise sanitaire a exacerbé le besoin de sens dans le travail, surtout pour les jeunes générations, qui grandissent dans une société en profonde mutation, ainsi que l’envie de liberté, et par extension, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. La recherche de cet épanouissement pousse les salariés au départ vers un métier qui correspond davantage à leurs valeurs et qui offre plus de flexibilité (télétravail, travail hybride). Ceux qui ne se reconnaissent plus dans le monde de l’entreprise basculent même vers l’indépendance.
Le portage salarial, un régime aux multiples avantages pour les indépendants et Freelance
Les salariés qui démissionnent pour devenir indépendant ou travailler en freelance sont souvent confrontés à la difficulté du choix du régime juridique le plus intéressant pour exercer leur activité. Si la micro-entreprise est simple, la protection sociale associée est faible. Or, la crise sanitaire a mis en exergue la précarité de la situation des autoentrepreneurs.
Il existe heureusement une forme d’emploi qui combine autonomie et couverture sociale étendue : le portage salarial. À mi-chemin entre entrepreneuriat et salariat, cette formule fait intervenir trois protagonistes liés par deux types de contrats dans un processus en cinq étapes :
- Le consultant indépendant trouve le client et négocie avec lui ses honoraires et les modalités d’exécution de mission,
- Il signe ensuite une convention et un contrat de travail à durée déterminée ou indéterminée avec une société de portage,
- Cette dernière établit un contrat de prestations avec l’entreprise cliente en reprenant les termes et conditions convenus entre celle-ci et le salarié « porté »,
- Le consultant effectue la mission et remet en fin de mois un relevé d’activité à la société de portage,
- Celle-ci facture l’entreprise cliente, encaisse le paiement, déduit les différentes charges et verse la différence au collaborateur porté sous la forme d’un salaire formalisé par un bulletin de paie.
Pour les indépendants, cette solution présente plusieurs avantages :
- Ils sont totalement libres dans le choix de leurs clients, la définition de leurs tarifs et la gestion de leur temps,
- Ils ont les mêmes droits sociaux que les salariés « classiques » : assurance maladie, mutuelle santé, cotisation retraite, assurance chômage, formation professionnelle via le CPF,
- Ils peuvent démarrer leur activité rapidement, sans avoir à créer une entité juridique séparée et à réaliser des investissements coûteux. Le risque est par conséquent moindre, d’autant qu’ils sont couverts par l’assurance responsabilité civile professionnelle souscrite obligatoirement par l’agence de portage,
- Ils sont déchargés des contraintes administratives, cet aspect étant intégralement pris en charge par la société de portage.
Enfin, le portage salarial est encadré depuis mars 2017 par une convention collective spécifique. Le texte fixe d’autres dispositions favorables aux travailleurs indépendants, notamment la perception d’un salaire minimum, qui ne peut être inférieur à 70 % du Plafond Mensuel de la Sécurité sociale (PMSS) pour un « junior » (qui compte moins de 3 années d’activité en tant que salarié porté).
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