Le discours de Macron à la Sorbonne va-t-il être décompté du temps de parole des européennes?
Alors que la dernière session parlementaire mobilise cette semaine les eurodéputés à Strasbourg, le président de la République a prévu un discours pour présenter sa vision de l'Europe ce jeudi 25 avril, à la Sorbonne. Les eurodéputés de tous bords sont invités à venir l'écouter.
Emmanuel Macron s'était déjà livré à l'exercice en 2017, juste après son élection. Mais cette fois-ci, dans le contexte des européennes du 9 juin, sa prise de parole provoque l'ire des oppositions.
"Emmanuel Macron nous invite donc à assister à son grand discours sur l’Europe… Pendant les votes au Parlement", a par exemple cinglé l’eurodéputée sortante et candidate insoumise aux élections européennes, Manon Aubry, sur X (ex-Twitter) lundi 22 avril.
"Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne, une grave atteinte à la démocratie", a-t-elle ajouté.
Ce dont se défend l'Élysée assurant que ce n'est pas "un discours de campagne". "C'est un discours de chef d'État devant une large assemblée, qui n'est pas une assemblée militante, qui engage la parole de la France. Lors du dernier Conseil européen, le président de la République disait qu'il pouvait être amené à s'engager, mais ce sont deux choses bien distinctes", nous ont-ils répondu.
Contactée par BFMTV.com, l'Arcom, l'autorité de surveillance de la répartition du temps de parole des candidats, est de son côté formelle: à chaque fois qu'Emmanuel Macron évoquera les élections, ce temps de parole sera décompté de celui de la candidate de la liste de la majorité, Valérie Hayer.
La parole de Macron, scrutée
Lors d'une campagne européenne, le décompte du temps de parole diffère de celui d'une campagne présidentielle. Au vu du nombre de listes et de co-listiers, l'Arcom demande depuis le 15 avril à tous les médias de radio et de télévision (dont BFMTV, NDLR) de veiller à l'équité du temps de parole, plutôt qu'à une égalité stricte.
Pour respecter cet équilibre, la parole du président de la République est scrutée elle aussi. À chaque fois qu'Emmanuel Macron se présente aux côtés de Valérie Hayer, parle des élections, affiche ou évoque son soutien à la liste de la majorité, son temps de parole est décompté comme celle d'un candidat.
Quand en revanche le chef de l'État s'exprime sur des questions régaliennes ou sur "des sujets qui relèvent du débat politique", peut-on lire dans les recommandations de l'Arcom, il est dans sa fonction de président. "Et son temps n'est pas décompté", explique à BFMTV.com l'Autorité de régulation.
Chaque phrase de son discours à la Sorbonne dans lequel Emmanuel Macron compte livrer sa vision de l'Europe va donc être scrutée pour savoir dans quelle catégorie de temps de parole elle se trouve.
Un exercice délicat
L'exercice n'est pas évident fait remarquer Malcolm Duquesney, responsable du pluralisme à BFMTV. "On ne peut pas dire à l'avance si une prise de parole du président doit être décomptée du temps de parole de la liste Renaissance aux européennes ou non", nous explique-t-il.
"Pour qu'elle le soit, il faut qu'on détermine si soutien explicite à son candidat il y a ou pas. Est-ce qu'il parle de Valérie Hayer, de son programme, de noms sur sa liste?", développe notre collègue.
Du côté du gouvernement, face aux critiques de l'opposition, on se défend de toute duplicité.
"Le président est en campagne pour l'Europe depuis 2016. C'est un discours sur l'Europe. Pour toute question relative à la campagne des Européennes, veuillez vous rapprocher du parti Renaissance", a botté en touche la porte-parole Prisca Thévenot, interrogée sur le sujet à la fin du compte-rendu du Conseil des ministres, mercredi 24 avril.