JO 2024: un syndicat de la RATP alerte sur un possible changement de procédure pour les bagages abandonnés
"Jeux olympiques ou jeux dangereux?" À un peu plus d'un mois du lancement des JO de Paris 2024, le syndicat FO du pôle Traction RATP alerte sur un possible changement de procédure qui faciliterait la prise en charge des bagages abandonnés sur le réseau de transports franciliens, afin de limiter les perturbations de transports dans ces situations.
"La direction est prête à tout pour réduire les interruptions de trafic, même si cela compromet notre sécurité", dénonce le syndicat dans un communiqué, alors même qu'une simplification de la procédure lors des malaises voyageurs avait déjà fait débat il y a quelques mois.
Un colis abandonné peut devenir un "objet trouvé"
À ce jour, deux cas de figure existent dans la prise en charge des objets abandonnés sur le réseau de transport. Si l'objet se trouve en gare ou sur le quai, un périmètre de sécurité est mis en place, la circulation des trains est interrompue, et les voyageurs et personnels sont mis à l'abri. Si l'objet est abandonné dans un train ou une rame, celle-ci est alors acheminée, sans voyageurs, sur une voie de garage retirée et éloignée de toute habitation.
Mais le "guide pratique d'intervention pour les services de déminage et cyno protection MTS", co-réalisé par la RATP et la préfecture de Police de Paris et envoyé au syndicat, prévoit notamment une requalification des objets de types "objets abandonnés" si un usager du réseau vient à manipuler l'objet en question, indique le syndicat.
"Lors de la procédure de traitement d'un objet délaissé, l'exploitant doit interdire l'approche de l'objet dans le but d'éviter toute manipulation de celui-ci. Toutefois, si un voyageur s'empare de ce dernier avant que l'on puisse définir cette zone, l'objet ne sera dès lors plus considéré en tant qu'objet délaissé, et sera considéré et traité comme un objet trouvé", établit le guide.
Concrètement, si un usager remarque un bagage abandonné et le manipule pour le rapporter à des agents ou le sortir d'une rame, l'objet en question ne sera plus considéré que comme un "objet trouvé" et ne déclenchera donc pas la procédure actuelle de déminage.
"Un objet délaissé manipulé par un voyageur deviendrait un simple objet abandonné. FO Pôle Traction s’interroge sur la pertinence de cette mesure: les explosifs déplacés ne seront-ils plus dangereux?", souligne le syndicat.
Les JO au prix de la sécurité?
Le secrétaire de la section Traction de FO Groupe RATP, Bastien Berthier, a adressé ce mardi 4 juin une lettre au préfet de police, Laurent Nuñez, pour demander confirmation de ces nouvelles applications, et accuse le réseau de transports de réaliser une impasse sur la sécurité alors même que la France est en pleine "alerte attentat" dans le cadre des Jeux olympiques.
"On galvaude la sécurité des salariés et des voyageurs au profit de la régularité et des Jeux olympiques, et c'est très dangereux", pointe-t-il auprès de BFM Paris Île-de-France.
D'autant que le syndicat FO déplore aussi un changement prévu par le guide concernant les places de garages pour les rames dans lesquelles se trouverait un objet abandonné.
"Alors que la direction elle-même reconnaît depuis des années que les places prévues pour déplacer un train dans lequel se trouve un objet délaissé ne concernent que le RER, aujourd'hui la majorité des positions de garage des terminus du réseau MTS deviendraient des places prédéfinies", dénonce le syndicat.
La RATP appelle à la vigilance de chacun
De son côté, le PDG de la RATP, Jean Castex, n'a pas encore nié ni confirmé la mise en place effective de ce guide, mais reconnaît un besoin de s'adapter concernant la prise en charge des bagages abandonnés.
"Le nombre de bagages abandonnés sur nos réseaux ne cesse d'augmenter", a-t-il déclaré. "Il faut que nous nous adaptions à ça. La première solution est très simple: que chacune et chacun soit vigilant et responsable. Un colis abandonné sur une ligne, c'est parfois une heure, une heure et demie de trafic perturbé, voire interrompu, pour des milliers de voyageurs."
Contactée par BFM Paris Île-de-France, la préfecture de police de Paris n'a à ce jour pas répondu à nos sollicitations.