"Il veut tout faire": comment Emmanuel Macron compte mener la campagne pour les élections législatives
Emmanuel Macron ne paraît pas vouloir se contenter du rôle de détonateur dans ces législatives. À l'origine du coup de tonnerre provoqué par la dissolution de l'Assemblée nationale dimanche soir, le voici enclin à se lancer en première ligne dans cette campagne éclair après des européennes s'étant soldées par un lourd échec pour Renaissance.
En décidant de "redonner le choix" aux Français, il entend reprendre la parole. Cela a commencé en revêtant ses habits de campagne durant son déplacement pour commémorer le 80e anniversaire des massacres perpétrés par les SS à Oradour-sur-Glane et à Tulle. "J'ai confiance dans le peuple français, il a cette capacité de sursaut", a-t-il déclaré au cours de ses échanges avec le public.
Surtout, "dans les prochains jours", Emmanuel Macron "dira l'orientation qu'il croi(t) juste pour la nation", a-t-il expliqué dans son allocution de dimanche.
Le "retour de l'audace"
Cette prise de parole devrait avoir lieu cette semaine, avant son départ pour le G7 organisé en Italie, a fait savoir l'entourage d'Emmanuel Macron à BFMTV. Elle pourrait avoir lieu mercredi, à la veille de l'ouverture du sommet qui se déroulera dans les Pouilles.
Dans le camp du président, cet interventionnisme est présenté comme "un retour aux origines du macronisme", un "retour de l'audace". Sous-entendu: le retour à une époque où Emmanuel Macron était le mieux placé pour défendre la macronie.
Au sein de la majorité, cette volonté de s'engager totalement dans cette campagne est pourtant loin d'être perçue comme un atout. Elle ferait même plutôt office de repoussoir et pourrait donner encore un peu plus des allures référendaires à ce scrutin.
"Sur le terrain, pendant trois mois, les gens nous refusaient les tracts parce qu'ils voyaient la tête de Macron dessus", alerte par exemple un pilier de la majorité à l'œuvre pour la campagne des européennes.
"Le président vit encore en 2017"
De son côté, une parlementaire voit dans l'attitude offensive du chef de l'État le signe de la nostalgie d'une époque victorieuse et révolue. "Le président vit encore en 2017! On n'a aucune chance d'obtenir une majorité", se désole-t-elle. "Il veut tout faire dans cette campagne qui débute", soupire un cadre Renaissance. "Et surtout il n'écoute pas ceux qui veulent le calmer."
Dimanche, Emmanuel Macron n'a pas souhaité écouter la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Pensant qu'il y avait "un autre chemin" que celui de la dissolution avec la constitution "d'une coalition", elle a demandé sans succès à obtenir un tête-à-tête avec le chef de l'État.
Le président de la République n'a pas non plus suivi son Premier ministre, comme l'a appris BFMTV. Gabriel Attal a bien proposé de démissionner pour donner de l'écho à la contre-performance des européennes et éviter de franchir le pas de la dissolution. "Je suis le fusible", a-t-il lancé au chef de l'État. Celui-ci a refusé, estimant que le Premier ministre est "le meilleur pour mener la campagne" des législatives à venir. Le meilleur... après lui?