Grippe aviaire: quelle est cette souche H5N2 qui a fait un mort au Mexique?
Surveillance accrue. L'Organisation mondiale de la Santé a confirmé ce mercredi 5 juin qu'une personne est morte au Mexique après avoir été infectée par le virus de la grippe aviaire de type H5N2. Déjà connue chez les oiseaux sauvages et les élevages de volailles, il s'agit d'une souche qui n'avait jusqu'ici jamais été trouvée chez un humain.
Les virus de la grippe A, qui peuvent donc provoquer la grippe aviaire, tendent à muter et se diversifient en souches plus ou moins pathogènes, notamment en fonction de l'espèce animale. Le sous-type H5N2 fait ainsi référence aux types de deux antigènes présents à la surface du virus: l'hémagglutinine de type 5 et la neuraminidase de type 2.
La personne décédée, qui souffrait déjà de multiples problèmes de santé, avait développé le 17 avril de la fièvre, un essoufflement, de la diarrhée, des nausées et un malaise général, avant de mourir le 24 avril.
Pas de contact avec des volailles
"Bien que la source d'exposition au virus dans ce cas soit actuellement inconnue, des virus A(H5N2) ont été signalés chez des volailles au Mexique", a déclaré l'OMS dans un communiqué. En effet, selon les autorités mexicaines, la victime n'avait eu aucun contact avec des volailles ou d'autres animaux.
Toutefois, une flambée épidémiologique de grippe aviaire de type H5N2 a été détectée en mars dans un élevage de basse-cour dans l'État du Michoacan. D'autres cas avaient aussi été identifiés chez des volailles dans l'État voisin de Mexico en mars et en avril.
Si, selon les spécialistes, l'état de santé de cette personne l'exposait à "un risque de grippe plus grave", son infection reste une interrogation. Les autorités ont ainsi mis en place une surveillance des exploitations agricoles proches du domicile de la victime et de la faune sauvage environnante.
Risque "faible"
Le ministère mexicain de la santé a ajouté dans un communiqué ce mercredi qu'il n'y avait jusqu'à présent aucune preuve de transmission de la grippe aviaire d'une personne humaine à une autre.
En effet, comme le rapporte CNN, aucun autre cas n'a été identifié parmi les 17 personnes de l'hôpital qui avaient été en contact avec le patient décédé. Parmi les personnes vivant autour du domicile de ce dernier, les scientifiques analysent actuellement des échantillons de sang pour voir s'ils peuvent trouver des anticorps qui indiqueraient des infections antérieures.
Les autorités sanitaires l'assurent toutefois: le risque actuel que représente ce virus pour la population est "faible". D'autres sous-types H5 sont connus pour infecter les humains, mais aucun ne s'est révélé capable d'entraîner une propagation interhumaine soutenue.
Les spécialistes surveillent néanmoins toute modification du virus qui pourrait indiquer que la grippe aviaire est en train de s'adapter et de muter pour se propager plus facilement parmi les humains.
Comme le note Andrew Pekosz, spécialiste de la grippe aviaire à l'université Johns Hopkins, auprès de Reuters, depuis 1997, les virus H5 ont toujours eu tendance à infecter les mammifères plus que n'importe quel autre virus de la grippe aviaire. Ils circulent normalement chez les oiseaux, mais ils peuvent occasionnellement passer à d'autres espèces, dont les humains.
Une épidémie bovine aux États-Unis
Cette souche du virus détectée au Mexique est néanmoins différente de celle en lien avec l'épidémie H5N1 en cours chez les vaches aux États-Unis et qui a jusqu'à présent infecté trois travailleurs d'exploitations laitières.
En outre, d'autres souches de grippe aviaire ont causé la mort de plusieurs personnes à travers le monde au cours des dernières années, dont 18 personnes en Chine lors d'une épidémie de grippe A(H5N6) en 2021, rappelle The Guardian.
Chez l'homme, la grippe aviaire peut provoquer des infections légères à graves des voies respiratoires supérieures et peut être mortelle. Des infections oculaires telles que la conjonctivite, des symptômes intestinaux et un gonflement du cerveau sont également possibles.