Fourgon attaqué dans l'Eure: colère et tristesse à la prison de Digne-les-Bains, bloquée par les agents pénitentiaires
Un groupe de huit agents fait un sit-in depuis 6h30 ce mercredi 15 mai devant le portail fermé de la prison de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Les traits sont tirés, le silence est pesant.
"C’est un massacre!", réagit Aurore Théret, secrétaire syndicale FO, en référence à la mort de deux agents pénitentiaires, tués mardi 14 mai au cours de l'évasion d'un détenu dans l'Eure. Elle ajoute: "Deux morts… Ç'aurait pu être n’importe lequel d’entre nous."
Au sein du groupe, Stéphane Isaert, surveillant pénitencier, témoigne de la même émotion: "C’est une très grande tristesse parce qu’on n’est pas formés pour se faire tirer dessus comme ça a été fait".
Le fonctionnement de la prison à l’arrêt
Trois surveillants sur vingt restent opérationnels bien qu’aucun mouvement ne soit prévu à l’intérieur de la prison. Les rares visiteurs sont repoussés et les prisonniers n’ont droit qu’à une heure de promenade et à un accès à l’infirmerie. Le transfert d’un détenu a tout de même été autorisé afin qu’il puisse se rendre aux assises.
Devant la prison, les agents reçoivent la visite du procureur, venu apporter son soutien au blocage. Une minute de silence est observée à 11 heures, dans la cour de la prison. En colère, les agents espèrent faire durer le blocage autant que possible.
Le centre pénitentiaire de Digne-les-Bains n’est pas grand, mais il est comme beaucoup surchargé. 43 personnes y sont emprisonnées, pour une capacité maximum de 35 places. Indignés par leurs conditions de travail, les surveillants réclament davantage de moyens.
"Il ne faut pas que ça se reproduise"
"On n’a pas eu de drames comme ça depuis 1992 et il ne faut pas que ça se reproduise. On a un manque de sécurité et un manque de personnel", signale Aurore Théret.
Elle poursuit: "Un fourgon mal en point est garé non loin de là. L’avant est abîmé et la carrosserie n’est pas blindée". "Quand on voit l’état des véhicules qui nous sont donnés...", souffle Stéphane Isaert. "Ce sont des voitures d’occasion. On n’en a pas de neufs. C’est lamentable", déplore-t-il.
Au même moment, à Gap, une dizaine d’agents participent aussi au mouvement. Le même sentiment de tristesse prédomine au sein de cette profession, en deuil ce mercredi 15 mai.