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Évreux: les soignants de l’hôpital psychiatrique dénoncent des transferts de détenus sans escorte policière

Hôpital psychiatrique illustration

Hôpital psychiatrique illustration - Photo d'illustration / AFP

Les soignants du Nouvel Hôpital de Navarre, à Evreux, refuse de prendre part aux transferts des détenus en provenance de la maison d’arrêt, faute de présence policière lors de ces déplacements.

L'ombre de Mohamed Amra plane toujours. Dans l’enceinte du Nouvel Hôpital de Navarre - établissement psychiatrique d’Evreux - les soignants refusent les transfèrements de détenus en provenance de la maison d’arrêt. Pour justifier cette position, le personnel souligne le manque d’escorte policière systématique lors du transfert de l’inculpé. Face à cette situation, ils ont fait valoir leur droit de retrait. Entre les murs de l’établissement psychiatrique, les soignants ont encore en tête le 14 mai dernier.

Durant cette journée, deux agents de l'administration pénitentiaire ont été tués et trois ont été blessés grièvement au péage d'Incarville, dans l'Eure, lors de l'attaque de leurs fourgons qui transportaient entre Evreux et Rouen le détenu Mohamed Amra, toujours activement recherché par les forces de l’ordre. "C’est arrivé lors d’un trajet vers le tribunal, mais ça aurait très bien pu être vers notre hôpital", témoigne au Parisien, Éric Marre, élu CGT au Nouvel Hôpital de Navarre.

Dans ce centre psychiatrique, les soignants croisent régulièrement des détenus venant faire des examens médicaux. Le transfèrement de la maison d'arrêt d’Evreux vers l’hôpital est, selon le quotidien francilien, rarement encadré par des agents pénitentiaires.

Ces moments de transition sont en fait régulièrement gérés par des infirmiers, des aides-soignants ou des ambulanciers. Les détenus retournent entre les mains des forces de l’ordre une fois le séjour dans l’établissement terminé.

Un vide juridique

En France, aucune loi n’encadre les escortes policières lors des transfèrements depuis les maisons d’arrêt vers les hôpitaux psychiatriques ne disposant pas d’unité carcérale, comme le Nouvel Hôpital de Navarre. Il existe seulement des recommandations à appliquer dans ces situations.

Les détenus sont classés de 1 à 4 en fonction de leur dangerosité. Le ministère de l’Intérieur conseille des escortes policières pour ceux classés 3 et 4. Ces recommandations doivent ensuite être validées par la préfecture. "À une époque, on avait systématiquement une escorte policière", indique Éric Marre. Depuis quelques années, ces préconisations sont rarement prises en compte.

Demande d'une présence policière systématique

Cette situation met le personnel soignant potentiellement à la merci d’une action violente comme lors du 14 mai. Durant ces trajets, les aides-soignants, infirmiers ou ambulanciers n’ont aucun moyen de protection.

À cette vulnérabilité, s’ajoute l'impossibilité pour les ambulanciers d’utiliser leur gyrophare lors des transfèrements. Ces trajets ne sont pas considérés comme prioritaires. "Forcément, on doit donc s’arrêter au feu rouge. Mais ça représente un danger supplémentaire, on peut être une cible d’attaque sur le trajet", déclare au Parisien, Lucie Léon, infirmière et élue CFDT.

Pour pallier cette situation, le personnel de l’établissement psychiatrique demande une escorte policière systématique lors des transferts. Une réunion a eu lieu, mercredi 5 juin, entre la préfecture et la direction du Nouvel Hôpital de Navarre. Les syndicats n’ont pas été conviés à cette réunion. Ils devraient cependant être présents à celle organisée par l’Agence régionale de santé, le 11 juin prochain.

Sylvain Allemand