Européennes 2024: Macron accusé par les oppositions de "réquisitionner" les JT de 20h trois jours avant le vote
Un timing qui provoque l'ire des oppositions. L'annonce d'une prise de parole d'Emmanuel Macron ce jeudi 6 juin aux 20 h de TF1 et France 2 fait l'unanimité chez ses adversaires: la droite comme la gauche soulignent qu'elle intervient à trois jours des élections européennes, et à la veille de la période de réserve à laquelle seront tenus les politiques et les médias.
"L'opposition doit avoir le même temps de parole. Nous saisissons l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique)", a déjà prévenu le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, sur X.
"Nouveau détournement électoral"
Depuis le 15 avril, cette instance, souvent présentée comme le gendarme de l'audiovisuel, demande aux médias d'observer une équité du temps de parole entre les différentes listes en prenant en compte leur représentativité. Cette séquence prend fin le vendredi 7 avril à minuit, échéance qui marquera le début de la période de réserve, s'écoulant jusqu'aux résultats du scrutin.
"Quelle urgence peut bien imposer que le président réquisitionne les JT la veille d'une fin de campagne?", a interrogé François-Xavier Bellamy, tête de liste de LR, dénonçant au passage un "nouveau détournement électoral indécent".
Le député européen s'était offert un coup de gueule récemment - même son adversaire de gauche Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique) l'avait salué - en dénonçant l'organisation du débat sur France 2 entre Gabriel Attal et Jordan Bardella jeudi 23 mai depuis le plateau de la chaîne publique. Les socialistes, mais aussi LR, avaient écrit à l'Arcom pour demander une "égalité de traitement".
L'opposition est de nouveau alignée face à cette intervention d'Emmanuel Macron, qui se fera en direct de Caen dans le cadre des 80 ans du débarquement en Normandie et à l'occasion de laquelle le président devrait s'exprimer non seulement sur les européennes, mais aussi sur la situation à Gaza et en Ukraine.
"Personne n'est dupe"
La gauche, elle aussi, a vivement réagi. "Donc jeudi vendredi samedi, ce sera 'Fidel Macron' sur toutes les chaînes pour commémorer et s'exprimer sans contradicteur à 20h, bref pour faire campagne à un moment où plus personne ne pourra lui répondre", s'est indigné Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
La tête de liste LFI, Manon Aubry, a confirmé ce lundi matin sur RTL que son parti allait saisir l'Arcom, demandant que "son temps d'antenne soit décomptée du temps de campagne de Valérie Hayer".
"Personne n'est dupe", a renchéri son homologue communiste Fabien Roussel, en faisant passer un message à l'Arcom: "Son temps de parole doit être décompté de celui de la liste Renaissance", menée par Valérie Hayer.
Ce n'est pas la première fois qu'une prise de parole d'Emmanuel Macron fait réagir les oppositions. Elles avaient déjà dénoncé le discours sur l'Europe du président de la République jeudi 25 avril à la Sorbonne. Une séquence finalement décompté par l'Arcom.
Depuis, le camp présidentiel n'a toujours pas décollé dans les sondages. Pire: il s'enlise. Sa candidate, Valérie Hayer est donnée à 16% dans la dernière étude Elabe pour BFMTV et la Tribune Dimanche. Soit la moitié des intentions de vote récoltées par la liste Rassemblement national de Jordan Bardella (32,5%). Si la candidate de la majorité progresse de 0,5 point par rapport au dernier sondage, elle reste proche de Raphaël Glucksmann (PS-Place publique), crédité de 13% des intentions de vote.