Européennes 2024: la dissolution de l'Assemblée décidée par Macron sera la 6e de la Ve République
"J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale", a déclaré Emmanuel Macron en réaction aux résultats des élections européennes ce dimanche 9 juin.
La candidate macroniste, Valérie Hayer, a, en effet, récolté 14,9% des voix. C'est plus de quinze points en-dessous du grand vainqueur du scrutin, la tête de liste RN, Jordan Bardella.
Dans la foulée de l'annonce du scrutin, le jeune poulain de Marine Le Pen avait appelé expressément le chef de l'État à dissoudre l'Assemblée nationale, comme il l'avait promis tout au long de la campagne.
Ces élections législatives anticipées, qui auront lieu le 30 juin et le 7 juillet, ne sont pas les premières que l'Assemblée nationale a connues. Depuis les débuts de la Ve Réublique, le Palais Bourbon a déjà vécu six dissolutions. La dernière remonte à 27 ans. Et les résultats d'une telle manoeuvre politique ont été plus ou moins mitigés pour la majorité présidentielle.
- Sous Charles de Gaulle en 1962...
C'est une motion de censure déposée à l'initiative des socialistes du Mouvement républicain populaire (MRP) et des Indépendants qui pousse le général de Gaulle, le 9 octobre 1962, à dissoudre l'Assemblée nationale. Les députés de l'opposition s'opposaient à une révision constitutionnelle qui avait pour vocation de permettre l'élection au suffrage universel direct du président de la République.
À l'issue des élections législatives anticipées de novembre 1962, le parti gaulliste sort renforcé des urnes. Et le chef de l'État peut jouir d'une majorité plus solide autour lui pour continuer son mandat.
- ... Et en 1968
Cinq ans plus tard, voilà que l'Assemblée est à nouveau dissoute par le Général, un an à peine après avoir été élue. La révolution de "Mai 68" ébranle fortement la société et l'exercice du pouvoir par le Général est contesté.
En juin 1968, le chef de l'État voit sa légitimité confirmée par une vague de soutien des électeurs de droite: les gaullistes obtiennent la majorité absolue dans l'hémicycle, rien qu'avec leurs forces élues.
- Sous François Mitterrand en 1981...
L'Assemblée nationale élue en mars 1978 qui offrait à la droite la majorité absolue ne survit pas à l'arrivée du socialiste François Mitterand à l'Élysée. Au lendemain de son investiture, le chef de l'État annonce, le 22 mai 1981, la dissolution du Palais Bourbon pour assurer une plus large amplitude à son gouvernement.
Après la présidentielle, les socialistes sont confirmés à l'issue de ces nouvelles législatives. François Mitterrand peut donc s'appuyer sur un hémicycle qui porte haut ses couleurs et offre à l'exécutif, la majorité absolue pour gouverner.
- ... Et en 1988
Réélu en 1988, pour un deuxième mandat, François Mitterrand dissout à nouveau le 14 mai de cette même année l'Assemblée national élue deux ans plus tôt. La droite détient alors la majorité absolue. Très critique du bilan des socialistes, elle compte bien bloquer ce deuxième mandat.
Cette fois-ci, le résultat des urnes ne confirme pas complètement le pouvoir en place. Les socialistes ne peuvent compter que sur une majorité relative au sein de l'hémicycle.
- Sous Jacques Chirac en 1997
La dernière dissolution en date remonte au 21 avril 1997. Sur les conseils du secrétaire général de l'Élysée, Dominique de Villepin, Jacques Chirac décide d'engager des élections législatives anticipées dans un contexte d'instabilité économique, aggravé à tort par les projections des experts.
Deux ans avant leur déroulement prévu en mars 1998, ces élections législatives voient l'émergence d'un concept nouveau à ce type d'élection, celui de la "gauche plurielle". Les partis du PS, PCF, radicaux de gauche, Verts et Mouvement des citoyens s'unissent pour bloquer l'exécutif.
Pari gagné pour l'opposition. Au second tour, elle obtient en juin une majorité de 319 sièges. S'ouvre alors une cohabitation entre l'Élysée et Matignon. Elle va durer jusqu'en 2002. C'est la plus longue de la Ve République.