ESSAI. LM350h: le "Limospace" de Lexus

Lexus est en pleine offensive sur le marché européen. Et c’est une offensive tous azimuts. Alors que la marque de luxe de la galaxie Toyota tente aussi une percée importante sur le marché des citadines avec son très remarqué LBX, il réfléchit aussi aux tendances actuelles et veut tenter de répondre à une question: comment voyager en nombre dans des conditions de confort premium si on n’a pas envie de passer par la case SUV ou grande berline?

La réponse vient d’Asie, où fleurit un marché très actif, celui des MPV premium (pour "Multi Purpose Vehicle"), les grands monospaces de luxe. Chouchous des services de VTC de prestige, transport de personnalités, conciergerie d’hôtel, navettes d’aéroport ou flottes de véhicules de direction d’entreprises, ces grandes fourgonnettes luxueusement aménagées sont très connues et demandées au Japon, en Corée du Sud et même en Chine… Mais curieusement très peu présentes sur le marché européen. Seul Mercedes règne sans partage sur ce segment avec son célèbre Viano (devenu ensuite Vito et Classe V), tellement célèbre qu’il est même devenu un nom commun dans les textes de certains rappeurs, habitués aux déplacements entre deux concerts ou showcases dans ce genre d’engin luxueux et confortable.

Lexus, marque adulée de ces mêmes rappeurs (surtout depuis les années 90 aux Etats-Unis), voulait donc réinvestir ce segment en Europe en frappant un grand coup. Et autant dire que le LM350h est du genre spectaculaire. Déjà par son aspect parallélépipédique massif, sa calandre absolument béante le faisant ressemble de loin à un véritable cachalot et ses élégants détails chromés. Un engin visuellement massif, avec des dimensions pour autant raisonnables… à 5,13m de longueur et 1,9m de largeur, l’engin est moins encombrant qu’une Mercedes Classe S ! En revanche avec sa hauteur d’1,94m, il coiffera tout le monde au poteau… Le LM350h garde aussi tous les aspects caractéristique du MPV et notamment ses portes arrières coulissante très pratiques et une ceinture de caisse bien relevée.

Mais ce "limospace" dispose d’un atout majeur qui fait la différence : contrairement aux monospaces de chez Mercedes, le châssis du LM350h n’est pas celui d’un utilitaire, mais bien celui hérité de la grande berline LS. Et de fait, même si l’assise est réhaussée, on n’a pas l’impression d’être juché sur le siège d’une camionnette. Un sentiment de confort très typé "berline" donc et surtout très Lexus, avec tous les raffinements maison, cuir ivoire à foison, moquette et instrumentation pléthorique. Le chauffeur et le garde du corps seront donc très correctement choyés.

On aime aussi: un confort de rêve

Mais il est évident que les places royales sont les places de second rang. Et là on se retrouve avec des conditions de confort difficilement égalables par quoi que ce soit sur le marché. Accessibles à hauteur parfaite via les portes coulissantes, les places passagers constituent un summum de luxe, avec des sièges ultra-moelleux (tout en cuir ivoire également), configurables et paramétrables dans les moindres détails, climatisés de l’intérieur, massants (avec différents programmes) et pouvant même s’incliner en position couchette pour une confortable sieste.

Tous les réglages sont accessibles via une multitude de boutons ou même avec des petites télécommandes à écran tactile sur l’accoudoir central, dans lequel sont logées également 2 tablettes escamotables qui pourront accueillir une éventuelle petite collation.

L’audio Mark Levinson à 23 haut-parleurs est digne d’une salle de concert, profonde et consistante, travaillée spécialement pour ce large espace de vie. Et un grand écran digital bascule du plafond, vous permettant de regarder la télévision ou internet, via connexion de vos appareils par bluetooth, USB ou même HDMI.

Ecran que les passagers supplémentaires pourront confortablement regarder aussi, les trois dernières places arrières situées dans le coffre étant loin d’être des places d’appoint.

Enfin si le soleil ou l’environnement vous gênent, pas de problème: vitres arrières, custodes et toit vitré son occultables via des rideaux de courtoisie très efficaces mais qui n’empêchent pas pour autant la lumière de rentrer.

Au volant, des sensations proches d’une berline

Silence et confort de roulement sont au programme et encore une fois ce sont les passagers qui sont privilégiés: les réglages de suspensions, savamment étudiés, vont toujours privilégier l’équilibre et la tranquillité des places arrières. Et pour la petite histoire, les très jolies jantes alliage gris foncé de 19 pouces sont développées en coopération avec Yamaha, avec comme objectif une réduction maximum des vibrations et des bruits de roulement. La dernière fois que Yamaha et Lexus ont collaboré, c’était il y a 15 ans, pour développer le moteur V10 de la terrible LFA et là il était question de faire beaucoup de bruit… la coopération perdure, même si les objectifs ont bien changé avec le temps.

Sans histoire, la chaîne de traction hybride classique 350h de 250 chevaux, semblable à celle du SUV NX, n’a aucun mal à propulser cet engin nécessairement très lourd (2,4 tonnes), mais finalement très agréable à conduire, presque comme si on était au volant d’une berline classique. Sa sonorité, faute d’être agréable, reste très discrète et les passages entre électricité et thermique se font sans trop de brutalité (un défaut récurrent chez Toyota). Et le LM350h arrive à être remarquablement maniable, sans même avoir recours aux 4 roues directrices très en vogue dans le domaine des grandes berlines ou SUV de luxe. Mais le LM dispose d’une transmission intégrale bien utile pour équilibrer la motricité de l’engin dans les multiples aspects de l’environnement urbain ou routier.

Enfin, le Limospace Lexus s’avère plutôt économique à l’usage. Encore une fois on a affaire à un engin très lourd, mais relativement frugal à ce niveau de confort, de luxe et d’espace. La moyenne constatée de 8l/100km sur parcours mixte (urbain et péri-urbain avec grandes voies) ne paraît pas exagérée, surtout qu’on peut la faire baisser encore en phase de conduite strictement urbaine (embouteillages et basses vitesses), en activant la fonction EV qui va maximiser la possibilité d’utilisation de la batterie.

On aime moins: attention au toit et aux portes!

Difficile de parler rationnellement de défauts sur un engin aussi exotique et à l’usage si spécifique. Pour autant, il ne faudra jamais oublier que vous faites 1,94 mètre de haut. Même si vous constaterez que tous les automobilistes autour de vous font place, s’arrêtent pour vous laisser passer etc… cette stature hors norme vous interdira l’écrasante majorité des parkings souterrains, d’autant que l’aileron arrière qui renferme la caméra de recul et l’antenne rajoute encore quelques centimètres de hauteur. Oubliez donc immédiatement toute réflexion du type: "Oh, on va tenter le coup quand même". Le LM350 est strictement réservé aux accès grands utilitaires et aux places en extérieur. Attention également aux portières avant, qui descendent très bas, demandant de la vigilance face à certains trottoirs un peu hauts.

Certains des automatismes maison restent un peu désagréables, comme les alertes de dépassement de vitesse, l’aide au maintien dans les voies ou même la surveillance de l’attention conducteur qui a toujours un œil rivé sur les vôtres, mais comme d’habitude elles sont facilement débrayables. Enfin, malgré un espace intérieur immense et une très grande modularité, l’espace bagages sera très réduit en configuration 7 places, à moins de rabattre les 2 sièges arrières. Un point faible par rapport au modèles de chez Mercedes, son seul véritable concurrent.

Mais à quel tarif? Le prix de l’exception

Au final, ce LM350h arrive à distiller un plaisir de voyager assez unique dans le monde automobile, aussi bien pour le chauffeur que pour le passager. Très grand luxe, équipement pléthorique, petits détails pratiques absolument partout, soin et attention obsessionnels apportés au confort des passagers. Le tout avec l’atypisme d’un format MVP qui, s’il intrigue au départ et demande quelques contraintes, démontre tous ses avantages à l’usage en termes de confort, mais aussi de praticité, en alliant un format de monospace à un confort de limousine, avec une chaine de traction efficace et plutôt économique. A 123.700€ pour notre version d’essai, le rapport qualité-prix semble presque avantageux pour un engin encore une fois exceptionnel.

Une option de choix pour les professionnels du transport de luxe, qui devront arbitrer entre version Executive 7 places (notre version essayée) et 4 places (version VIP, avec séparation chauffeur-passager, réfrigérateur et écran géant de 48 pouces à l’arrière). Une expérience automobile sans réelle concurrence pour le moment qui a ses adeptes et qui mérite amplement d’être vécue. D’ailleurs si Lexus a réservé seulement 16 exemplaires du LM350h au marché français cette année, le constructeur a d’ores et déjà reçu 117 commandes au total.