Émeutes en Nouvelle-Calédonie: Macron évoque "un mouvement d'insurrection absolument inédit"
Les mots sont forts pour évoquer la situation. En visite en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a parlé jeudi 23 mai d'un "mouvement d'insurrection absolument inédit" qui secoue l'archipel depuis la mi-mai.
"Personne ne l'avait vu venir avec ce niveau d'organisation et de violence", a ajouté le chef de l'État en visite dans un commissariat du centre de Nouméa, saluant "le sang-froid" et "le professionnalisme" des policiers et des gendarmes déployés sur le terrain.
"On ira jusqu'au bout, les jours et les semaines qui viennent seront encore difficiles", a-t-il ajouté.
Si la nuit de mercredi à jeudi "a été calme", selon le Haut-commissaire Louis Le Franc, les dégâts sont importants sur l'île. 281 personnes ont été placées en garde à vue depuis le 12 mai, à une écrasante majorité pour des atteintes aux biens, a appris BFMTV auprès d'une source judiciaire.
Depuis le début des émeutes, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles. Le président de la République a observé une minute de silence pour leur rendre hommage, avant de s'entretenir pendant plus de trois heures et demie avec des élus et acteurs économiques.
L'"apaisement" mais sans retour en arrière institutionnel
Pour tenter de mettre fin à cette situation "insurrectionnelle" qu'il dénonce, Emmanuel Macron a plaidé à son arrivée sur place pour un "apaisement constructif", qui passera par une "solution" politique.
Pour cela, le chef de l'État est accompagné des trois hauts fonctionnaires qui auront pour mission de renouer le dialogue avec les indépendantistes et non indépendantistes.
Pour autant, le président exclut de revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République car "l'apaisement ne peut pas être le retour en arrière".
"Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table", a-t-il plaidé.
Le chef de l'État, qui ne fixe pas de limite à la durée de son déplacement sur l'archipel, n'a pas dit clairement comment il entendait déminer ce qui fut le détonateur des émeutes, à savoir le vote à l'Assemblée nationale du dégel du corps électoral de l'archipel.
Une réforme constitutionnelle décriée par les indépendantistes et qui doit encore être votée par les députés et sénateurs réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d'ici là. Les précisions viendront peut-être en fin journée: Emmanuel Macron assure que des "décisions seront prises et des annonces seront faites".
Les forces de sécurité déployées "resteront aussi longtemps que nécessaire"
En attendant une issue politique, "beaucoup de populations souffrent d'une situation de grande crise", a regretté Emmanuel Macron, évoquant les difficultés d'accès aux soins, mais aussi "l'approvisionnement" alors que des quartiers entiers restent difficilement accessibles.
Il a assuré que les quelque 3.000 membres des forces de sécurité déployés "resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques" de Paris qui prennent fin début septembre.
Quant à l'état d'urgence en vigueur depuis une semaine, il "pense" qu'il "ne devrait pas être prolongé" au-delà des 12 jours légaux, à condition que "tous les dirigeants" de l'archipel "appellent à lever les barrages".