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Police-Justice

Émeutes en Nouvelle-Calédonie: le lent démantèlement des barrages au nord de Nouméa

Alors que les points de tension sont toujours nombreux dans la périphérie de Nouméa, forces de l'ordre et indépendantistes s'affrontent afin de garder, ou reprendre, le contrôle de barrages mis en place dans les rues néo-calédoniennes.

Un long retour à la normale en Nouvelle-Calédonie. L'Élysée a annoncé que l'état d'urgence, instauré le 15 mai après le début des émeutes, sera levé ce mardi 28 mai au matin dans l'archipel. Mais un calme relatif règne à Nouméa et dans son agglomération.

La nuit de dimanche à lundi dans Nouméa et son agglomération a été relativement calme, malgré des traces d'échauffourées visibles dans le quartier pauvre de la Vallée-du-Tir. Dans Nouméa, le trafic reprenait lundi avec de longs embouteillages, signe d'un certain retour à la normale.

Mais les points de tension sont encore nombreux. Les barrages mis en place par les émeutiers sont peu à peu repris par les forces de l'ordre. BFMTV a pu suivre l'une de ces opérations de démantèlement dans le quartier de Kaméré, dans le nord de la ville.

Quelques centaines de mètres repris

Afin de reprendre un rond-point sur lequel une barricade d'une douzaine de véhicules calcinés a été mise en place, deux escadrons de gendarmerie avec blindés ainsi qu'une section de la CRS 82 sont mobilisés. Prudemment, mètre par mètre, ils se dirigent vers les véhicules et font vite face-à-face avec des manifestants.

La tension est à son paroxysme en raison de possibles caillassages ou d'un potentiel coup de feu d'un tireur embusqué. "Il reste des individus, on est à peu près sur une vingtaine de personnes qui gardent le barrage", détaille le commissaire Christophe, chef du groupement opérationnel de Nouméa.

Malgré cette progression lente, quelques centaines de mètres dont le rond-point ont été repris. Sécurisés, les lieux peuvent désormais être nettoyés et les carcasses calcinées retirées.

"Nous sommes au plus loin du dispositif police nationale sur le quartier de Kamaré. Le but tactique est de pouvoir prendre les barricades sur les quelques centaines de mètres qui sont devant et de pouvoir assurer ensuite une bulle de protection", ajoute celui qui est en charge de l'opération du jour.

"Ça pouvait être géré entre nous"

Dans le quartier de Kaméré, les indépendantistes, mobilisés depuis de nombreux jours, pointent des provocations policières et déplorent une situation qui a échappé à tout contrôle.

"Ils ont mis de l'huile sur le feu, c'est tout. Ça a débordé, il n'y a pas eu besoin de tout ça, ça pouvait être géré entre nous, entre Calédoniens", nous dit l'un d'entre eux.

Dans la cité Tindu voisine, les riverains observent le théâtre des opérations et, fatalistes, écartent pour la plupart une sortie rapide de crise. "Tant qu’il n’y aura pas de solutions et de vrais dialogues, on sera toujours là, au même stade, ils vont continuer à faire leurs barrages. Si Macron est toujours là, s'il nous entend, qu'il fasse tout le nécessaire", dit une habitante.

De manière générale, la situation reste difficile sur l'île principale et les forces de l'ordre peinent toujours à contrôler certains quartiers du Grand Nouméa. Et même si la nuit de dimanche à lundi a été relativement calme, l'aéroport international va rester fermé aux vols commerciaux au moins jusqu'au 2 juin.

Avec l'arrivée de 7 nouvelles unités de forces mobiles supplémentaires, ce sont 3.500 effectifs qui sont déployés en Nouvelle-Calédonie, où deux gendarmes ont déjà trouvé la mort.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV