Donald Trump déclaré coupable: quel impact sur l'élection présidentielle américaine?
Une décision historique... mais pas de séisme politique? Candidat du Parti républicain à la Maison Blanche et ex-président des États-Unis, Donald Trump a été reconnu coupable ce jeudi 30 mai de l'ensemble des chefs d'accusation portés contre lui dans l'affaire Stormy Daniels par un jury populaire de New York.
À cinq mois de l'élection présidentielle de novembre 2024, Donald Trump est pour l'instant toujours libre. Sa peine sera connue le jeudi 11 juillet: elle pourrait aller d'une simple amende à plusieurs années de prison.
Donald Trump peut-il toujours se présenter?
Ce verdict n'empêche pas le milliardaire républicain d'être candidat à la présidentielle du 5 novembre, face au démocrate Joe Biden, même en cas d'hypothétique condamnation à une peine de prison. Aux États-Unis, être inculpé et même condamné pour un délit ou un crime n'interdit pas d'être candidat, élu ou d'occuper une fonction officielle.
Un précédent existe. En 1920, Eugene Debs, condamné pour s'être opposé à l'envoi de troupes en Europe lors de la Première Guerre mondiale, avait fait campagne depuis sa cellule d'Atlanta. Le socialiste avait obtenu près d'un million de voix, le meilleur score du Parti socialiste d'Amérique pour une élection présidentielle.
Peu d'intérêt des Américains pour le procès
Donald Trump pouvant toujours faire campagne, l'impact de sa condamnation sur une grande majorité d'électeurs pourrait être très modéré, selon les analystes et les instituts de sondage. Car les Américains connaissent depuis plusieurs années le profil du personnage de Donald Trump.
Un sondage de YouGov pour Yahoo! News a en outre souligné l'intérêt très relatif des Américains pour ce procès: 31% des personnes interrogées disaient s'ennuyer en le suivant alors que seules 26% le trouvaient intéressant.
Malgré les révélations de ces dernières semaines sur l'affaire Stormy Daniels, jamais l'ancien président américain n'a chuté dans les intentions de vote. Au contraire, dans de nombreux États clés, il est au coude à coude avec Joe Biden, voire même devant le locataire de la Maison Blanche.
Une enquête de l'institut Marist relayé par l'Agence France-presse soulignait qu'une condamnation n'aurait que "peu d'effet "pour les deux tiers des personnes interrogées. Seulement 1% des sondés affirmaient qu'ils pourraient voter pour un troisième candidat.
Pour Trump, le "vrai verdict" sera le mardi 5 novembre
Autre possibilité: ce verdict pourrait renforcer l'image anti-establishment de Donald Trump. À l'annonce du verdict, le site pour faire des dons à la campagne du Républicain a été inaccessible pendant plusieurs dizaines de minutes à cause d'un afflux de connexions.
Le fils du milliardaire, Éric Trump, assure sur X même qu'on "se rappellera du 30 mai comme le jour où Donald Trump a gagné l'élection présidentielle". De son côté, l'ancien locataire de la Maison Blanche affirme que le "vrai verdict" sera le mardi 5 novembre, jour du scrutin.
Signe que les Démocrates savent que le verdict ne va pas bouleverser la campagne, Joe Biden a appelé ses soutiens à rester mobilisés. "Il n'y a qu'un seul moyen pour empêcher Donald Trump d'entrer dans le bureau ovale: les urnes", a-t-il écrit sur X. Les deux hommes se retrouveront pour la première fois depuis quatre ans le jeudi 27 juin pour un débat sur CNN.
Quelques voix pourraient tout changer
Attention toutefois. Même si l'impact immédiat du verdict contre Donald Trump est minime, une baisse à la marge des votes en faveur du Républicain pourrait avoir un impact majeur dans les six ou sept États où l'élection sera véritablement décidée, les Swing States.
En 2020, en Arizona et en Gérogie, Joe Biden n'avait seulement que 10.000 voix d'avance sur Donald Trump. Dans le Wisconsin, l'écart n'était que de 20.682 voix. Professeur à l'école de droit d'Albany, Ray Brescia souligne auprès de l'AFP que l'impact de ce procès pourrait être renforcé par le fait qu'il pourrait être le seul, parmi les différentes poursuites visant le candidat républicain, à parvenir à une conclusion avant les élections.
"Déterminer combien d'électeurs se détourneront de Donald Trump est difficile à dire, mais même une petite variation pourrait avoir d'énormes conséquences", explique-t-il.