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DOCUMENT BFM Normandie. "Il n'avait pas une âme de leader": une connaissance de Mohamed Amra raconte l'enfance du fugitif à Rouen

Mohamed Amra, l'homme évadé le 14 mai 2024 lors de l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure.

Mohamed Amra, l'homme évadé le 14 mai 2024 lors de l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure. - BFMTV

Un individu ayant connu le détenu qui s'est évadé le 14 mai lors de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure revient sur son enfance dans un quartier de Rouen. Il revient sur son parcours scolaire, son comportement et son surnom: "La Mouche".

"Il ne restait jamais en place." Deux jours après l'évasion de Mohamed Amra lors de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure, le 14 mai, BFM Normandie a recueilli le témoignage d'une de ses anciennes connaissances.

Les deux hommes se sont connus dans le quartier de Grammont, à Rouen (Seine-Maritime), dans lequel le fugitif a passé une partie de son enfance.

"À l'époque où je le connaissais, il traînait dans le quartier. C'était quelqu'un d'hyperactif. (...) Il n'était pas méchant, c'était un gamin lambda", souffle-t-il.

Enfance, scolarité et situation familiale

L'homme est un habitant du quartier de Grammont. Il a souvent croisé "La Mouche" il y a plusieurs années, entre l'enfance et l'adolescence.

"On le surnommait comme ça car il restait jamais en place. C'était un baroudeur, il n'avait pas vraiment d'amis spécifiques et précis dans le quartier", précise-t-il.

Sur le plan scolaire, les choses sont alors "très compliquées" pour Mohamed Amra. "Il a été viré de son collège et a décroché en troisième", relate-t-il. "Il avait un contexte familial compliqué, avec des parents qui étaient séparés depuis très longtemps", ajoute l'homme.

Selon notre source, Mohamed quitte "très tôt" son quartier. "Il y a vécu une partie de sa vie, mais il n'a aucune attache", explique-t-il. "On avait eu vent qu'il était entre Paris, la région parisienne et Marseille."

"Il n'avait pas une âme de leader"

L'homme se souvient des premiers délits du fugitif. "Il était déjà assez filou et avait une volonté de se faire remarquer de ses professeurs et dans le quartier. Mais on n'avait rien constaté d'alarmant à ce moment-là", explique-t-il.

Cependant, "très tôt, il a connu des déboires judiciaires. On avait vent à l'époque des petits larcins qu'il commettait. Et du coup, forcément, on savait qu'il s'était déjà fait arrêter par la police", ajoute-t-il.

À cette époque, dans le quartier de Grammont, les gens sont informés des arrestations de Mohamed Amra. "C'était des vols, vols par effraction et il avait aussi un problème avec l'autorité de manière général", précise l'homme interrogé.

Mais selon lui, Mohamed Amra "n'avait pas une âme de leader" et "ne montrait pas tout de suite des appétences pour la délinquance".

Le quartier condamne l'attaque

C'est ce mardi 14 mai, lorsque l'attaque du fourgon a lieu et que deux agents pénitentiaires sont tués, que l'homme fait le lien.

"Quand j'ai vu sa tête dans les médias, on se souvenait tous de son surnom. C'est fou. Comme tout le monde, j'ai été surpris", explique-t-il.

Selon lui, les nombreuses personnes qui ont fréquenté Mohamed Amra ont été "choquées" par la violence des faits. "Ça dépasse tout entendement. Dans le quartier, tout le monde condamne et est en état de choc", appuie-t-il.

L'homme visé par deux mandats d'arrêt

Depuis son évasion, Mohamed Amra fait l'objet de deux mandats d'arrêt, émis par le tribunal de Rouen et par le tribunal de Marseille, pour les faits pour lesquels il était mis en examen en 2021 et en 2022, a appris BFMTV ce jeudi 16 mai.

Avant son évasion, dans le cadre de ces deux mises en examen, Mohamed Amra était en détention provisoire. Dès l'instant où il s'est échappé, les juges d'instruction de ces dossiers ont pris la décision d'émettre un mandat d'arrêt national, qui a été diffusé ensuite à l'international, et qui a permis à Interpol d'émettre une notice rouge.

C'est d'ailleurs pour cela que la notice rouge d'Interpol précise qu'il est recherché pour les faits antérieurs -de 2021 et 2022- et non pour son évasion après l'attaque au péage d'Incarville.

Paul Biloquet avec Martin Regley