Dissolution de l'Assemblée nationale: le pari manqué de Jacques Chirac en 1997
Il avait lui aussi la "conviction" qu'il fallait "redonner la parole au peuple". 27 ans avant Emmanuel Macron, le 21 avril 1997, Jacques Chirac s'adresse aux Français et leur annonce sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale afin qu'ils puissent se prononcer "clairement sur l'ampleur et le rythme des changements à conduire pendant les cinq prochaines années" de son mandat. Un pari manqué pour le cinquième président de la Ve République.
Dès mars 1997, quelques voix s'élèvent à droite, en particulier celle du secrétaire général de l'Élysée Dominique de Villepin, pour réclamer des élections législatives avant l'échéance normale de mars 1998. L'aggravation de la situation économique, alors prévue à tort par de nombreux experts, est leur principal argument: autant organiser des élections avant que les choses n'empirent.
Les réformes menées dès 1995 par Alain Juppé ont aussi altéré l'image du Premier ministre et plusieurs conseillers pressent Jacques Chirac de changer de chef de gouvernement.
La plus longue cohabitation
Le président de la République finit donc par dissoudre l'Assemblée nationale arguant que la France a besoin "dès maintenant" d'un "nouvel élan", alors même qu'il y dispose d'une majorité confortable.
La gauche se lance dans la campagne autour du nouveau concept de "gauche plurielle", regroupant Parti socialiste, Parti communiste français, radicaux de gauche, Verts et Mouvement des citoyens. Au second tour organisé en juin, elle obtient une majorité de 319 sièges, alors que la plupart des sondages prédisaient une victoire du camp présidentiel. Ce succès de la gauche ouvre la voie à la plus longue cohabitation de la Ve république entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, nommé Premier ministre.
Ce dimanche 9 juin, Emmanuel Macron a lui aussi fait le pari de "redonner le choix de notre avenir parlementaire" aux Français, en appelant les électeurs à élire de nouveaux députés les 30 juin et 7 juillet prochains, après la large victoire du Rassemblement national aux élections européennes. Et le parti d'extrême droite rêve déjà de voir entrer Jordan Bardella à Matignon.