Disparition de Lina: un mois après, la commune de Plaine en proie à l'angoisse et aux rumeurs
Un mois jour pour jour après la disparition de Lina à Plaine (Bas-Rhin), les questions demeurent au sein de la commune et des alentours. "C'est malheureux, mais la vie continue", répond, l'air grave, un chauffeur de bus scolaire à propos de l'atmosphère qui règne dans la vallée.
Lui habite Plaine et connaît bien la famille de l'adolescente de 15 ans, assure-t-il à BFM Alsace. Par solidarité avec la mère de la disparue, qui a décidé de ne plus s'exprimer dans les médias, il ne commentera pas plus la situation. Ils sont nombreux à ne plus vouloir s'exprimer au micro. Certains disent que consigne a été donnée par les gendarmes de ne plus s'adresser à la presse afin de ne pas nuire à l'enquête.
Parmi ceux qui se sont exprimés publiquement, beaucoup s'en mordent les doigts. À commencer par Zoé, la collègue de Lina. Elle n'accepte plus aucune interview depuis son passage dans l'émission Touche pas à mon poste, qui lui aurait valu des remontrances du cercle proche de Lina. Désormais il est assez mal vu d'apparaître dans la presse.
Des théories nombreuses
L'effervescence des premiers jours a d'ailleurs laissé place à un silence médiatique que deux grand-mères de la commune de Pouday, qui discutent devant leur portail, ont du mal à comprendre.
"On nous a arrosé d'informations pendant deux semaines puis plus rien. Silence radio", s'exaspère Josiane*, qui partage une théorie qui a la cote dans le coin. Pour elle, Lina pourrait bien avoir été enlevée par un réseau de prostitution: "On appelle ça la traite des blanches", appuie-t-elle. Une référence à un phénomène de proxénétisme de jeunes femmes européennes en direction de pays étrangers, qui relèverait essentiellement du mythe.
Pourtant, la grand-mère n'est pas la seule à y croire. Un commerçant, qui comme la plupart souhaite rester anonyme -et dont l'adolescente était une fidèle cliente-, n'exclut pas cette piste non plus. "Une si belle fille, ça ne m'étonnerait pas. Elle est soit malheureusement morte, soit dans les pays de l'Est", songe-t-il.
Les rumeurs vont de plus belle car aucune information officielle ne filtre de l'enquête depuis qu'elle a été confiée à deux juges d'instruction, il y a trois semaines. Ce commerçant de la vallée a lui-même été la victime de on-dit malsains. Chez des jeunes du coin, il se dit que le petit ami de Lina lui aurait demandé une pelle et une bâche peu avant la disparition de la jeune fille. Des fabulations qui, si elles mettent ce commerçant en rogne, ne le surprennent pas tant que ça: "Ici, tout le monde a une théorie sur tout, on m'a déjà inventé un cancer pour ma part".
Un sentiment d'insécurité
Dans les petites communes de la vallée de la Bruche, les habitants se pensaient préservés des tumultes des secteurs urbains. Les enfants jouent dehors et se déplacent en autonomie.
Désormais, pour beaucoup, il n'est plus question de laisser les enfants se rendre seuls à la gare de Saint-Blaise-la Roche, où Lina devait prendre son train, il y a un mois. Une habitante, voisine de la gare, constate que beaucoup plus de parents viennent désormais récupérer leurs enfants à la sortie du quai.
Frédéric Renard, armurier à Schirmeck, "a constaté à peu près une augmentation de 30% de vente sur les petites bombes anti-agression de type gel au poivre, lacrymogène".
L'homme assure en avoir commercialisé "une vingtaine" sur les dernières semaines écoulées, contre une soixantaine dans l'année habituellement. "Cette augmentation montre vraiment le stress que les gens peuvent avoir suite à ces événements derniers", insiste-t-il auprès de BFM Alsace.
Et d'ajouter: "Toute personne exerçant une activité de promenade ou de jogging seule, dans notre secteur, s'est sentie dans l'obligation de devoir s'équiper pour se prémunir d'une agression".
Un sentiment d'angoisse généralisé que seules les avancées de l'enquête, ouverte pour enlèvement ou séquestration, seront capables d'estomper.
*Prénom modifié