Tech&Co
Tech

Disparition de Lina: comment les enquêteurs exploitent la téléphonie pour la suite des investigations

Alors que des "investigations de longue haleine" ont débuté cette semaine pour retrouver la jeune Lina, les enquêteurs s'intéressent particulièrement à la téléphonie, que ce soit celle de l'adolescente ou des personnes présentes dans la zone de la disparition.

Bientôt deux semaines que la jeune Lina, 15 ans, a disparu dans le Bas-Rhin alors qu'elle se rendait à la gare pour rejoindre son petit ami à Strasbourg. Après avoir minutieusement fouillé la zone entre le domicile de l'adolescente et la gare de Saint-Blaise-la-Roche, les enquêteurs s'attendent désormais à "des investigations de longue haleine", comme l'a annoncé le parquet de Strasbourg au moment d'ouvrir une information judiciaire pour "enlèvement ou séquestration de plus de sept jours".

Parmi les différents axes de recherche des enquêteurs, la téléphonie peut être un indicateur majeur dans la résolution d'une enquête. D'abord, c'est celle de la victime qui est épluchée. Puis, plus largement, celle de tiers si l'enquête prend une tournure criminelle. 

L'obtention des données

D'après une source policière spécialisée dans la téléphonie, deux méthodes s'offrent aux enquêteurs pour obtenir ces données. Dans un premier temps, ils sollicitent en urgence les quatre opérateurs téléphoniques pour connaître la couverture théorique d'un secteur géographique.

Par exemple, dans le cas de Lina, quelles bornes relais existent sur son trajet. À partir de cette étape, ils donnent aux opérateurs une date et un créneau horaire, et obtiennent dans les heures qui suivent la liste de tous les numéros de téléphone qui ont activé ces bornes relais. Une liste sur laquelle ils vont travailler par la suite.

La deuxième méthode consiste à faire du netmonitoring, c'est-à-dire reproduire avec un téléphone dit "de trace" les conditions réelles de réseau au moment de la disparition. En effet, si la personne disparaît un samedi soir, dans un lieu à forte fréquentation à ce moment-là, les bornes relais activées seront plus nombreuses qu'à un moment où il y a peu de personnes présentes (et donc peu de téléphones qui activent des bornes relais).

Disparition de Lina : que change l’ouverture d’une information judiciaire ?
Disparition de Lina : que change l’ouverture d’une information judiciaire ?
4:01

La zone topographique peut aussi faire que la couverture réelle diffère de la couverture théorique, notamment dans les zones montagneuses.

Cette méthode prend plus de temps et de moyens, car il faut effectuer les mesures dans les mêmes conditions dans la semaine et à la même heure.

L'analyse des données

Une fois les donnés récupérées, il faut les analyser. Les enquêteurs s'intéressent en priorité à retrouver le téléphone de la victime dans la liste de données fournie par les opérateurs, pour tenter de dessiner une direction de "fuite" par exemple. Ils ont pour cela des logiciels qui leur permettent d'aller plus vite. 

Ensuite, dans un second temps, ils s'intéressent à tous les autres numéros. Chaque numéro fait l'objet, en théorie, d'une vérification. Plusieurs questions émergent alors: À qui appartient la ligne? Cette personne habite-t-elle les environs? Si non, avait-elle une bonne raison d'être de passage? Est-elle inscrite au fichier des délinquants sexuels? Apparaît-elle dans d'autres affaires?

L'environnement numérique

Les enquêteurs passent très vite au crible l'environnement numérique d'une personne disparue, pour savoir quelles applications elle utilisait. Ils peuvent ensuite faire des réquisitions pour obtenir des informations.

Par exemple, sur Instagram, on peut déterminer à quand remonte la dernière connexion, quels profils ont été visités, etc. En cas d'affaire où la vie humaine est en jeu, les plateformes répondent dans les heures qui suivent à la demande, sept jours sur sept, 24 h sur 24. 

Même si le téléphone de la personne recherchée n'est pas retrouvé, ce qui est le cas pour Lina, il peut quand même parler et apporter des informations cruciales aux enquêteurs.

Alexandra Gonzalez avec Théo Putavy