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Climat

La Nina va arriver plus tard cette année, à quel impact s'attendre sur le climat?

Les prévisions météoroloiques avant le passage du cyclone Belal sur La Réunion le 14 janvier 2024 (photo d'illustration)

Les prévisions météoroloiques avant le passage du cyclone Belal sur La Réunion le 14 janvier 2024 (photo d'illustration) - RICHARD BOUHET / AFP

Le phénomène El Nina, qui apporte des températures plus fraîches, a 70% de chances d'arriver entre août et novembre, selon une agence de l'ONU. Il devrait succéder à El Nino qui a contribué aux records de chaleur depuis des mois.

Une baisse des températures en vue? Le phénomène météorologique de La Nina devrait arriver plus tard cette année et apporter des températures plus fraîches, après les records de chaleurs attisés par El Nino et battus mois après mois depuis un an.

"Le phénomène El Nino 2023/24, qui a contribué à alimenter une hausse des températures mondiales et des conditions météorologiques extrêmes dans le monde, montre des signes qu'il arrive à sa fin. Il y aura probablement un retour aux conditions de La Nina plus tard cette année", indique l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son dernier bulletin consacré à ces deux phénomènes météorologiques naturels, qui ont des impacts quasi opposés.

Il y a 60% de chances que La Nina apparaisse sur la période juillet-septembre et elles augmentent à 70% en août-novembre, selon l'OMM, qui juge que "le risque d'une réapparition d'El Nino est négligeable pendant cette période".

Avant cela, sur la période juin-août, l'organisation estime qu'il y a autant de chances (50%) que les conditions soient neutres -ni Nino ni Nina- ou d'une transition vers La Nina.

L'agence météorologique australienne estime de son côté que "certains signes laissent penser" que La Niña "pourrait se former dans l’océan Pacifique plus tard en 2024".

Un refroidissement à grande échelle

Mais qu'est-ce que le phénomène la Nina? Selon Météo France, "El Niño et son pendant La Niña sont des phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial, affectant le régime des vents, la température de la mer et les précipitations".

La Nina a d'abord pour conséquence le refroidissement à grande échelle des températures de surface des océans dans le centre et l'est du Pacifique équatorial. Ce refroidissement influera ensuite sur les températures à l'échelle mondiale.

Mais attention, la Nina "n’a pas suffi à empêcher que 2020 soit l’une des trois années les plus chaudes jamais constatées", note l'institut de prévisions météorologiques.

Vents et pluies

En outre, le phénomène la Nina est associé à des changements dans la circulation atmosphérique tropicale: vents, pression et précipitations.

La Nina "favorise des conditions plus sèches sur le Moyen-Orient et le sud des États-Unis tandis que l’Indonésie, l’Australie orientale, le nord de l'Amérique du Sud et l'Inde subissent généralement un excédent de précipitations", selon Météo France.

Pour autant, les effets précis varient en fonction de l'intensité, de la durée mais aussi de la période de l'année à laquelle le phénomène se produit et de l'interaction avec d'autres phénomènes climatiques, souligne l'organisation onusienne.

Les effets varient aussi selon les régions. Sous les tropiques, La Nina produit des impacts climatiques opposés à ceux d'El Nino.

Cependant, ces événements climatiques naturels "se produisent désormais dans le contexte d'un changement climatique induit par l'homme, qui augmente les températures mondiales, exacerbe les conditions météorologiques et climatiques extrêmes et a un impact sur les régimes saisonniers des précipitations et des températures", rappelle l'OMM.

Une saison des ouragans "extraordinaire" attendue

Chaque mois depuis juin 2023 a établi un nouveau record de température - et 2023 a été de loin l'année la plus chaude jamais enregistrée.

"La fin d'El Nino ne signifie pas une pause dans le changement climatique à long terme, car notre planète continuera à se réchauffer en raison des gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur. Les températures exceptionnellement élevées à la surface de la mer continueront de jouer un rôle important au cours des prochains mois", a déclaré Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l'OMM, citée dans le communiqué.

Ainsi La Nina est déjà incorporée dans les prévisions de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) pour la saison 2024 des ouragans dans l'Atlantique nord, qui doit commencer début juin. Elle s'annonce "extraordinaire", avec quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus possibles, selon la NOAA.

L'OMM rappelle aussi que les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, malgré l'effet de rafraîchissement d'une longue La Nina, qui s'est étalée de 2020 au début de 2023.

El Nino au plus fort en décembre 2023

Quant à El Nino, il a culminé en décembre 2023 et est l'un des cinq plus forts jamais enregistrés.

"Nos conditions météorologiques continueront d'être plus extrêmes en raison de la chaleur et de l'humidité supplémentaires dans notre atmosphère", souligne encore Ko Barrett.

"C'est pourquoi l'initiative Alertes précoces pour tous reste la priorité absolue de l'OMM", a rappelé la responsable.

Juliette Desmonceaux avec AFP