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Ce que l'on sait de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire qui a fait au moins deux morts dans l'Eure

Un fourgon pénitentiaire a été attaqué ce mardi 14 mai, au niveau du péage d'Incarville (Eure). Au moins deux agents pénitentiaires sont morts et trois autres ont été blessés, dont deux avec pronostic vital engagé.

Un fourgon pénitentiaire a été attaqué ce mardi 14 mai, au niveau du péage d'Incarville (Eure). Au moins deux agents pénitentiaires sont morts et trois autres ont été blessés, dont deux avec pronostic vital engagé. - BFMTV

Des hommes armés s'en sont pris au convoi pénitentiaire chargé du transfert d'un détenu ce mardi 14 mai, au niveau du péage d'Incarville. Le détenu a pris la fuite avec les assaillants.

Un fourgon pénitentiaire a été attaqué ce mardi 14 mai, au niveau du péage d'Incarville (Eure). Au moins deux agents pénitentiaires sont morts et trois autres ont été blessés, dont deux avec pronostic vital engagé.

Le détenu a pris la fuite avec les assaillants. Le plan Épervier a été déclenché pour tenter de les retrouver.

• Le détail des faits

Il est environ 11 heures lorsque le convoi pénitentiaire, qui faisait la liaison entre le tribunal de Rouen et la maison d'arrêt d'Évreux, est ciblé.

Les deux véhicules qui s'occupent du transfert du détenu sont visés par des tirs à l'arme lourde.

Cinq agents dont un officier d'expérience avaient été mobilisés pour le transfert du détenu. Ils étaient armés. Les premières constatations sur place "permettent de penser que certains ont pu faire usage de leur arme de service", indique ce mardi soir Laure Beccuau, procureure de la République de Paris.

• Le profil des victimes

Les deux hommes tués sont deux agents du Pôle régional des extractions judiciaires (PREJ) de Caen. L'un âgé de 52 ans était capitaine et père de deux enfants de 21 ans, l'autre âgé de 34 ans allait être papa.

Lors d'une prise de parole en début d'après-midi, Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a indiqué que le pronostic vital de deux des trois agents blessés dans l'attaque du fourgon était "au moment où je vous parle engagé".

Ce mardi soir, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, a indiqué les trois agents blessés sont âgés de 48 ans, 52 ans et 55 ans et tous "pères de famille". Elle adresse ses pensées aux proches des victimes.

• Un détenu "particulièrement surveillé"

Le détenu en fuite se nomme Mohamed Amra. Surnommé "La Mouche", il est âgé de 30 ans.

Il a été condamné à 18 mois de prison ferme mardi 7 mai par le tribunal judiciaire d'Évreux pour des "vols aggravés", notamment dans des supermarchés et des commerces de la banlieue d'Évreux entre août et octobre 2019.

Le suspect est également mis en examen à Marseille pour "homicide volontaire". L'affaire porte sur des faits commis le 17 juin 2022, à Aubagne, sur un habitant de Dreux, dans un dossier de trafic de stupéfiants. 

Il a été détenu aux Baumettes, à la Santé et récemment à Évreux dans le cadre de son jugement mardi dernier.

Le détenu en fuite avait été entendu dans la matinée de ce mardi 14 mai par le juge d'instruction de Rouen pour une "tentative d'homicide".

Au total, treize condamnations figurent à son casier. Selon le parquet de Paris, il est un "détenu particulièrement surveillé".

• Le détenu avait tenté de s'évader dimanche 12 mai

L'avocat de Mohamed Amra indique à BFMTV que celui-ci avait tenté de s'évader ce dimanche 12 mai de la maison d'arrêt d'Évreux, en sciant les barreaux de sa cellule. Une procédure disciplinaire aurait été déclenchée après la découverte de ces faits.

"Cet élément laisse penser qu'il y avait une tentative d'évasion en préparation", souligne Maître Hugues Vivier sur BFMTV.

Il indique être "complètement abasourdi" par la nouvelle de cette évasion violente. L'avocat adresse "ses pensées pour le personnel pénitentiaire".

• Deux véhicules retrouvés brûlés

Des hélicoptères survolent la zone pour retrouver les suspects. Des gendarmes de la section de recherche locale sont aussi mobilisés. Le GIGN central, basé à Versailles, est aussi engagé pour venir en appui des enquêteurs déjà mobilisé.

La procureure de Paris a révélé que deux véhicules avaient été retrouvés brûlés après l'attaque. Toutes deux ont été retrouvées dans l'Eure, à Houetteville et Gauville-le-Campagne.

De plus, Laure Beccuau a confirmé que les assaillants avaient essayé d'incendier le véhiculer bélier qui a stoppé le fourgon.

• Le plan Épervier déclenché, 200 gendarmes mobilisés

Le plan Épervier a été déclenché par le commandant du groupement de gendarmerie de l'Eure, a appris BFMTV de source proche de l'enquête. Il est notamment déclenché pour l'évasion de malfaiteurs, la recherche de fugitifs.

Les gendarmes effectuent des contrôles systématiques, notamment de véhicules et de points stratégiques identifiés en amont.

200 gendarmes sont engagés sur cette opération, principalement des gendarmes départementaux et motards de l'Eure, mais également des départements voisins de Seine-Maritime, du Calvados, du Val-d'Oise et des Yvelines.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, annonce que "tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver ces criminels".

• Une enquête en cours

La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO)– a été saisie de l’enquête. Les magistrats du parquet de Paris se sont rendus sur place.

Le parquet de la Junalco saisit l’OCLCO (Office central de lutte contre la criminalité organisée) et la Police Judiciaire de Rouen de l’enquête portant notamment sur les infractions de "meurtre en tentative de meurtre en bande organisée" (faisant encourir la réclusion à perpétuité), "évasion et bande organisée", "acquisition et détention d’arme de guerre" et "association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime".

"L'ensemble des laboratoires de police scientifique et technique seront mobilisés sur cette enquête", assure Laure Beccuau qui indique "que les vidéos du péage fournies par les témoins font l'objet d'une exploitation minutieuse".

• Une cellule de soutien psychologique

Le préfet de l'Eure annonce sur X l'ouverture d'une cellule de soutien psychologique "pour les témoins de l'attaque". Les personnes qui le souhaitent peuvent composer le 15.

Le préfet annonce également la mise en place d'une cellule de crise à la préfecture de l'Eure.

• Le garde des Sceaux va rencontrer l'intersyndicale

L'entourage d'Éric Dupond-Moretti indique à BFMTV que celui-ci va rencontrer ce mercredi 15 mai à 14 heures l'intersyndicale, qui réclame des mesures après le drame.

En déplacement à Caen pour rencontrer les collègues et les familles des victimes, le garde des Sceaux avait assuré que des "réflexions" seraient "conduites".

"Ce qui est arrivé n'est pas arrivé dans la pénitentiaire depuis 1992. Ce drame absolu, cette horreur totale, nous oblige bien sûr", a assuré le ministre de la Justice.

• Les réactions politiques se multiplient

Les réactions politiques se multiplient après l'attaque de ce fourgon dans l'Eure. Emmanuel Macron évoque "un choc pour nous tous" et déclare que "la Nation se tient aux côtés des familles, des blessés et de leurs collègues".

"Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime afin que justice soit rendue au nom du peuple français. Nous serons intraitables", écrit-il.

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti s'est aussi exprimé sur X. "Deux de nos agents pénitentiaires sont décédés, trois sont gravement blessés. Toutes mes pensées vont aux victimes, à leur famille et à leurs collègues", écrit le garde des Sceaux.

Il ajoute: "Tout, je dis bien tout, sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble. Ce sont des gens pour qui la vie ne pèse rien. Ils seront interpellés, ils seront jugés, et ils seront châtiés à la hauteur du crime qu'ils ont commis".

Vers 15 heures et depuis l'Assemblée nationale, le Premier ministre Gabriel Attal a rendu hommage aux deux agents "morts en accomplissant leur devoir".

"Ce matin deux agents de l'administration pénitentiaire sont morts en accomplissant leurs devoirs", a réagi Gabriel Attal depuis l'Assemblée nationale.

Le président de la région de Normandie, Hervé Morin, a adressé toutes ses "pensées aux familles et aux proches des agents pénitentiaires morts ce matin dans l’Eure ainsi qu’à leurs collègues blessés".

Il a également salué "le sang froid du conducteur du car Nomad qui se trouvait au péage à ce moment-là et qui a mis en sécurité les passagers".

Matthias Tesson et Solenne Bertrand