Baisse des taux de la BCE: cela va-t-il faire diminuer le taux de votre crédit immobilier?
La Banque centrale européenne (BCE) a commencé à baisser ce jeudi 6 juin ses taux d'intérêt, qui étaient à leur plus haut niveau historique, offrant un bol d'air aux ménages et aux entreprises. Elle a annoncé une baisse de ses trois taux directeurs de 25 points de base, une première depuis septembre 2019.
Cela ramène le taux de refinancement de 4,5%, son plus haut historique atteint en septembre dernier, à 4,25%.
Ce taux refi est le principal taux directeur de la BCE (il en existe deux autres: le taux de dépôt et le taux de la facilité de prêt marginal). Ce taux refi correspond au taux d'intérêt utilisé lorsque les banques commerciales emprunte à la banque centrale des liquidités pour une durée d’une semaine. Ce qui oriente par la suite les taux auxquels les banques commerciales prêtent ensuite à leurs clients, notamment pour les prêts immobiliers.
Cela va-t-il jouer sur les taux des crédits immobiliers français? Pas certain, nous répond le courtier Vousfinancer. L'impact pour les emprunteurs devrait être limité.
"Les marchés ont anticipé depuis plusieurs mois cette baisse, et même plusieurs baisses successives qui devraient être finalement moins nombreuses que prévues d’ici la fin de l’année. L’impact sur les taux des marchés financiers et notamment sur les taux obligataires risque donc d’être moins fort que prévu", nous explique Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.
Pour rappel, les taux moyens (toutes durées confondues) sont passés de 4,21%, plafond atteint en novembre et en décembre 2023 à 4,12% dès janvier 2024, puis 3,98% en février, 3,89% en mars, 3,82% en avril et enfin 3,73% en mai, selon les données de l'Observatoire Crédit Logement / CSA.
Chez le courtier Vousfinancer, en mai, il est possible d’emprunter à 3,65% sur 15 ans, 3,85% sur 20 ans et 4% sur 25 ans, mais les taux les plus bas négociés atteignent 3,4% sur 15 ans, 3,5% sur 20 ans et 3,8% sur 25 ans.
Dégradation de la note de la France
L'autre raison à cet impact attendu limité pour les emprunteurs, c'est la dégradation de la note de la France par S&P. "C'est une mauvaise nouvelle, sans être gravissime, mais qui pourrait un peu contrebalancer l’effet positif sur les marchés que pourrait avoir la baisse des taux de la BCE, même si cette dégradation a elle aussi été anticipée", analyse Julie Bachet. Il ne faut pas toutefois exagérer l'impact dans l'immédiat de cette dégradation, comme nous le rappelions ici.
Cela n'a pas poussé à la hausse le taux auquel se négocie sur les marchés la dette française (principalement les OAT à 10 ans), qui a même baissé depuis cette décision. En revanche, cela démontre une tendance négative sur la dette française, et par ricochet sur l'ensemble du marché obligataire (les dettes aux entreprises et aux particuliers).
Si la baisse du taux directeur de la BCE ne risque donc pas de faire chuter les taux immobiliers, cela ne les empêche pas d'être pour l'instant orientés à la baisse. "Pour preuve, pour juin, la plupart des banques baissent à nouveau leurs taux de crédit, de 0,10 à 0,30 point dans les nouveaux barèmes reçus, y compris des banques nationales", nous dévoile le courtier.
De plus, dans un contexte de reprise plus limitée qu’attendue depuis le début de l’année, les banques conservent des politiques commerciales attractives pour capter de nouveaux clients et atteindre leurs objectifs "tout en conservant des marges convenables, ce qui va leur donner la latitude de baisser leur taux encore dans les prochaines semaines, surtout si la BCE baisse ses taux plusieurs fois".