Attaque d'un fourgon dans l'Eure: ces précédents drames qui ont frappé l'administration pénitentiaire
"Les derniers morts dans notre administration pénitentiaire remontent à 1992". C'est par ces mots que le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a souligné, ce mardi 14 mai, le caractère exceptionnel de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure.
Au niveau d'un péage d'Incarville un commando de plusieurs personne a ouvert le feu sur cinq agents lors du transfert de Mohamed Amra entre le tribunal judiciaire de Rouen et la maison d'arrêt d'Évreux. Deux agents pénitentiaires ont été tués, trois autres ont été blessés.
Le choc et la stupeur touchent toute la profession. Une minute de silence solennelle a été respectée ce mercredi matin, alors que les syndicats ont mené une opération "prisons mortes" pour montrer leur émotion. Ces manifestations rappellent celles qui avaient suivi les événements meurtriers d'août et septembre 1992.
C'est samedi 15 août 1992 que la profession a été meurtrie une première fois. La victime: Francis Caron, un surveillant de la prison Bonne-Nouvelle de Rouen. Comme le racontait Le Monde, celui-ci a été agressé alors qu'il inspectait les barreaux de la cellule d'un détenu à "haut risque".
Le détenu a agressé l'agent à plusieurs reprises à l'aide d'un "couteau artisanal" avant de le frapper à coups de barre de fer. Le 17 août 1992, le directeur de l'administration pénitentiaire a annoncé la mort de Francis Caron. La réponse fut immédiate: un mouvement de blocage des maisons d'arrêt. Sur les 182 établissements pénitentiaires touchés, une centaine étaient à l'arrêt.
Évasion et prise d'otage
À peine quelques semaines après les événements d'août 1992, d'autres agents ont été agressés dans l'exercice de leurs fonctions en septembre. Le 11 septembre, un surveillant et un détenu ont été tués à la centrale de Clairvaux.
Huit détenus munis d'armes de poing ont tentés de s'évader, provoquant une fusillade où un surveillant, Marc Dormont, et un prisonnier, ont été tués. Deux autres agents ont été légèrement blessés. Les huit détenus ont réussi à prendre la fuite. Durant celle-ci, ils prirent successivement en otage un surveillant puis une caissière d'un péage d'autoroute. Eux n'ont pas été blessés.
D'autres événements similaires ont eu lieu plus récemment, sans provoquer la mort d'agents. En 2021, Louis Folkert, incarcéré depuis plusieurs mois, a simulé une tentative de suicide pour être transporté à l'hôpital de Pontoise par deux agents de l'administration pénitentiaire.
Lorsqu'ils sont descendus du fourgon, ils ont été accueillis par deux personnes, un complice et la compagne de Louis Folkert, qui ont ouvert le feu au fusil à pompe, touchant un agent dans le dos. Louis Folkert avait réussi à prendre la fuite avant d'être interpellé cinq jours plus tard à Dusseldorf en Allemagne.