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Airbags défectueux: pourquoi Citroën a rappelé en priorité les C3 et DS3 du sud de la France

Le rappel opéré par Citroën demandant de ne plus conduire le véhicule s'est concentré sur les propriétaires concernés au sud d'une ligne Clermont-Lyon, où le climat peut davantage entrainer une dégradation des airbags.

Stellantis a annoncé cette semaine avoir déjà remplacé 50.000 airbags, soit un peu moins de 10% du total des Citroën C3 et DS3 concernées par le rappel massif lancé le mois dernier avec la recommandation de ne plus conduire le véhicule.

En France, et malgré les critiques de nombreux propriétaires sans solution immédiate pour obtenir un rendez-vous dans un garage et un véhicule de remplacement, Stellantis nous a assuré faire le maximum face à ce défi logistique. La capacité d'accueil a été doublée dans les ateliers et 25.000 véhicules sont disponibles, nous a expliqué un porte-parole du groupe automobile. Le constructeur a d'ailleurs intérêt à réduire ces délais pour que ces voitures de courtoisie puissent dépanner un autre propriétaire de véhicule immobilisé dès que son problème a été résolu.

Pourquoi ces rappels ciblant le sud de la France?

Sur ce rappel des C3 et DS3, Stellantis nous avait indiqué dès le début avoir contacté en priorité les propriétaires qui se trouvent dans le sud de la France, sous une ligne "Clermont-Lyon". Une délimitation surprenante, sans "pertinence scientifique", comme l'indique Catherine Bieth, cheffe du Service de surveillance des marchés des véhicules et des moteurs (SSMVM), le gendarme des constructeurs, dans une interview au Parisien ce vendredi 7 juin.

"Aujourd’hui, en l’état actuel des connaissances, Stellantis a considéré que le risque était plus grand pour les voitures dans le sud du pays", ajoute-t-elle toutefois.

C'est en effet le contexte de ce rappel qui a poussé Citroën a ciblé cette moitié sud de la France. La dégradation d'un certain type d'airbags d'origine Takata est plus importante dans les "zones chaudes et humides".

Les premiers accidents impliquant des airbags Takata sur les C3 et DS3 sont ainsi survenus dans des départements d'outre-mer, tout comme les premiers rappels en 2020. Et deux autres cas suspects ont depuis été recensés dans le sud de la France. Des accidents mortels, ce qui a aussi poussé à cette prudence extrême: demander de ne plus conduire le véhicule avant le changement d'airbag.

Un ciblage géographique remis en cause

Si les rappels pour remplacer des airbags Takata sont en effet courant depuis le début des années 2010, il est très rare de demander de cesser de conduire le véhicule. Les rappels à venir des DS4, DS5 et Citroën C4 ou de modèles de marque Opel seront ainsi des rappels "de routine", comme ceux effectués ces dernières années par de nombreuses marques comme Volkswagen ou Toyota.

Stellantis nous a expliqué conduire des tests tout au long de la vie d'un produit, ce qui a conduit le constructeur a repéré un vieillissement anormal d'un composant de ces airbags dans ces conditions chaudes et humides, sans plus de précision sur un seuil en termes de température ou de taux d'humidité.

Même si le véhicule a pu changer de propriétaire plusieurs fois, avec les premiers modèles concernés produits en 2009, les rappels sont effectués à partir des données cartes grises, et donc avec, a priori, l'adresse de son propriétaire actuel. Adresse qui permet de déterminer qu'il se trouve bien au sud de cette ligne "Clermont-Lyon".

C'est l'exposition prolongée à ce climat chaud et humide qui entraine la dégradation de l'airbag, et pas de simples séjours même de plusieurs mois, insiste Stellantis pour justifier ce choix.

Une réponse à certains doutes sur ce ciblage géographique:

"Dans quelle mesure un conducteur ayant déménagé dans le sud de la France, ou y séjournant régulièrement, n'est-il pas exposé à un véritable danger? De même, qu'en est-il d'un véhicule d'occasion dont le premier propriétaire a passé la majeure partie de son temps dans une zone concernée, mais dont les propriétaires successifs se trouvent hors de ces zones? Qu'en est-il des itinérants? Des vacanciers?", se demande par exemple le cabinet d'avocats sur la page dédiée à l'action collective lancée ce 6 juin 2024.

Un rappel "inconscient" et qui "va à l’encontre du principe de précaution" pour le cabinet d'avocats Coppet qui défend des familles de victimes.

"Les véhicules de deuxième ou de troisième main peuvent avoir circulé durant des années sous de fortes températures et être maintenant utilisés dans le nord du pays. Par ailleurs, qu’en est-il de la prise en compte du dérèglement climatique? Le 25 juillet 2019, sur le site France 3 Hauts-de-France, on pouvait lire: le record historique de température à la station de Lille-Lesquin a été battu ce jeudi : 41,2°C à 15h. Et ce n’est peut-être pas fini!", peut-on lire sur la page dédiée à ce scandale des airbags.

Une extension prochaine à toute la France?

Des éléments qui pourraient conduire à un rappel interdisant de conduire dans toute la Fance, toujours sur les C3 et DS3, comme le confirme la cheffe du gendarme des constructeurs au Parisien:

"La question de la dangerosité se pose pour l’ensemble des véhicules qui circulent en France. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Stellantis de mener d’autres investigations. Il s’agit de vérifier s’il ne sera pas nécessaire, à terme, d’étendre le 'stop drive' à l’ensemble des véhicules".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto